20 Minutes (Nantes)

Il renaît grâce à la course à pied

Le Nantais Jean-François Lajeunesse est sorti de près de vingt ans d’alcoolisme

- David Phelippeau

Des mots ont bouleversé sa vie. Jean-François Lajeunesse en est « convaincu » : « Si mon fils Quentin ne prononce pas cette phrase, l’alcool me tuait… » Mai 2003, ce Nantais de 62 ans, qui a connu une descente aux enfers interminab­le pendant deux décennies marquées par l’alcoolisme et le tabagisme, prend « une claque ». Et c’est son fils qui lui met. « Quentin me raconte qu’il vient de faire un footing avec mon beaufrère à la Gournerie à Saint-Herblain. » Les mots sont moins anodins qu’ils n’y paraissent pour Jean-François. « Quand mon fils est parti, je me suis mis à pleurer. Un immense chagrin. » L’homme prend conscience que lui, l’ancien fan de Jacky Boxberger et Michel Bernard [coureurs de demifond], n’est pas « foutu d’accompagne­r son fils lors d’un footing ». En quinze jours, Jean-François décide, alors, de « tout arrêter ». Clopes, alcool… et sa vie de dépravé. Il file « chez Décathlon » et achète les baskets, les moins chères « à 7 ou 8 € ». Le futur athlète commence par faire 100 m, puis 200 m… Au-delà de la course à pied, Jean-François « réapprend à vivre ». Et réalise à quel point il a pu faire du mal autour de lui.

L’alcool le tuait à petit feu

« Saltimbanq­ue » à 24-25 ans, JeanFranço­is se décrit comme un « bon vivant » ensuite. Les verres d’alcool au quotidien augmentent au rythme des années qui passent. Il se sépare, mais sa femme fait tout ce qu’elle peut pour qu’il voie ses jumeaux, Julie et Quentin. Il l’avoue maintenant : « L’alcool était plus fort que moi… » Il se lance dans un job de travailleu­r indépendan­t à la fin des années 1990, mais l’alcool tue quasiment le projet dans l’oeuf. Les soucis financiers émergent : 100 000 € d’impayés. Au début des années 2000, il se finit parfois à « l’alcool à 90 °C ». Malgré ça, ses enfants ne le délaissent jamais. Jusqu’à ce jour de printemps 2003, où le « déclic » est venu de la bouche de son fils. Aujourd’hui, à 62 ans, Jean-François ne s’arrête plus de courir. Depuis 2005, il a déjà bouclé trois marathons. « Je dois d’être en vie à mes enfants et la course à pied », insiste-t-il. Début mars, il a sorti un deuxième récit autobiogra­phique, Des foulées pour renaître*, pour faire passer un message : « La passion est supérieure à une addiction. » Et Jean-François veut convaincre : « On peut toujours avoir la force de se reconstrui­re et ça vaut le coup d’essayer… » Sorti début mars aux éditions Coiffard

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A 62 ans, Jean-François Lajeunesse n’en finit plus de courir désormais.

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