Le terrible portrait de Sabrina Kouider, accusée du meurtre de sa jeune fille au pair
Un terrible portrait de l’employeuse de la fille au pair a été dressé
De notre envoyé spécial à Londres (Royaume-Uni), Thibaut Chevillard
Habillée d’un tailleur noir, les cheveux attachés, Sabrina Kouider, 35 ans, écoute attentivement, lundi devant l’Old Bailey, la Cour centrale de la Couronne britannique, l’impitoyable portrait que dresse d’elle l’avocat de l’accusation. Celui d’une femme autoritaire, manipulatrice, qui s’est acharnée sur Sophie Lionnet au point de commettre le pire. Le conseil raconte comment, après avoir été embauchée comme fille au pair au début de l’année 2016, la jeune Troyenne a commencé à faire l’objet de graves accusations, d’intimidations, mais aussi de violences physiques de la part de sa patronne.
L’obsession Mark Walton
Quelques années auparavant, Sabrina Kouider a vécu une brève histoire d’amour avec Mark Walton, l’ex-chanteur du groupe irlandais Boyzone. Mais la Française n’a pas supporté la fin de leur relation et a développé « une forme d’obsession » à son égard. En 2014, elle a, par exemple, affirmé une vingtaine de fois aux services sociaux et à la police que l’artiste avait abusé sexuellement d’un membre de sa famille. Des investigations ont été menées, mais il n’y a pas eu de poursuites. En 2016, pour une raison encore inconnue, Sabrina Kouider a commencé à faire entrer Sophie Lionnet dans son délire concernant Mark Walton. D’abord suspectée d’avoir volé un diamant, la jeune employée a ensuite été accusée d’avoir élaboré avec le chanteur un projet criminel contre la famille de sa patronne, puis d’avoir violé un membre de sa famille. D’après l’accusation, ces allégations ont plus tard été « adoptées » par Ouissem Medoun, le compagnon de Sabrina Kouider. Etrangement, cette dernière ne s’est pas séparée de Sophie Lionnet. La jeune fille est timide, réservée. Tout le contraire de sa patronne, qui la maintient sous son emprise, l’exploite. « Terrifiée », elle devient au fil du temps la « prisonnière » du couple. Elle aurait aimé pouvoir rentrer en France, mais on l’en a empêchée. Ses papiers d’identité ont sans doute été confisqués. Et elle ne gagne pas assez d’argent pour s’acheter un billet. Alors elle reste. Désormais, elle est interrogée, plus ou moins brutalement, comme si c’était une espionne. On veut lui faire avouer « des choses qu’elle n’a jamais commises » ou qui concernent Mark Walton, une fois de plus. L’accusation est persuadée que le couple l’a ensuite tuée, avant d’essayer de faire disparaître son corps en le brûlant, en septembre. Ce qu’il nie en partie. Les experts de Scotland Yard n’ont pas réussi à déterminer comment Sophie Lionnet a été tuée. Ils ont en revanche relevé sur ses restes une fracture du sternum, de la mâchoire ainsi que quatre côtes cassées. L’avocat de l’accusation devrait donner, ce mardi, davantage de détails sur les circonstances de sa disparition. Le procès doit durer au moins six semaines. Sabrina Kouider et Ouissem Medoun encourent la réclusion criminelle à perpétuité.