Un printemps un brin givré
L’hiver est censé s’achever, ce mardi. Pour autant, les températures restent froides. Ces conditions, loin d’être anormales pour un mois de mars, préoccupent néanmoins les arboriculteurs et les maraîchers.
Officiellement, le printemps commence ce mardi. Ce moment est généralement associé au retour des beaux jours. Mais cette année, une vague de froid a fait revenir les flocons. D’autres chutes de neige sont attendues ces prochains jours « même en plaine dans les Pyrénées », précise Jérôme Lecou, prévisionniste de Météo France. Dès lors, il devient inconcevable de parler de « printemps », du moins d’un point de vue météorologique. La situation n’est pas pour autant inédite, ni anormale. « Ce qui est inhabituel, c’est l’arrivée tardive d’une nouvelle vague de froid », reprend Jérôme Lecou. Mais sinon, mars joue son rôle : celui d’un mois de transition.
Des productions en péril
Même si elle n’est pas anormale, cette vague de froid met les fruits et les légumes à rude épreuve. Cette année, les récoltes risquent d’être retardées et moins abondantes. « C’est la troisième vague de froid sévère de l’hiver et nous avons aussi énormément d’eau, témoigne Angélique Delahaye, maraîchère dans l’Indre-et-Loire. Ça nous pénalise car les plantations de printemps ont pris du retard dans les champs. » Les craintes sont « concentrées principalement sur la vallée du Rhône, la région Paca et l’Occitanie », note Luc Barbier, président de la Fédération nationale des producteurs de fruits. Pour les variétés précoces en particulier (pêches, abricots, poires). De leur côté, les oiseaux migrateurs ont aussi de quoi être déboussolés par ces températures très basses. Jérémy Dupuy, coordinateur de L’Atlas des oiseaux migrateurs à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), fait la distinction entre les oiseaux qui hivernent en France et partent au printemps vers leurs zones de nidification au nord-est de l’Europe, comme les grues, et ceux qui les remplacent en France après avoir passé l’hiver en Afrique, comme les hirondelles. « Pour les premiers, les épisodes neigeux que nous venons de connaître peuvent entraîner des retards dans les migrations, explique Jérémy Dupuy. Pour les hirondelles, on en observe déjà dans le sud de la France. Elles sont pour la plupart insectivores et arrivent diminuées par une migration qui a parfois duré plusieurs semaines. Si en plus il fait froid et que les insectes se font rares, on pourrait observer un taux de mortalité accru chez ces oiseaux. »