A Barcelone, des indépendantistes affichent leurs espoirs en tricotant
L’arrestation de Puigdemont mine les indépendantistes
Lundi, le soleil brille dans le ciel de Barcelone, mais, dans la tête des indépendantistes catalans, c’est bien le gris qui domine. La veille, leur chef, Carles Puigdemont, en exil depuis la tentative de sécession de la région fin octobre, a été arrêté en Allemagne (lire l’encadré). Ce qui a entraîné de violentes manifestations et plusieurs arrestations. Place de la Catalogne, des tentes sont installées depuis fin janvier, lorsque Carles Puigdemont a été investi à la suite des élections de décembre. Quinze à vingt personnes y dorment toutes les nuits, et jusqu’à 200 peuvent s’y retrouver en journée. Adria est membre du collectif Réveillons la République, qui s’est constitué à cette époque. « La solution doit être politique et non judiciaire. Il faut un dialogue entre la Catalogne, l’Espagne et l’Union européenne », tranche-t-il.
« Prisonniers politiques »
Maria, Angels et Nuria, elles, tricotent des écharpes jaunes, en mémoire de celles faites par les femmes à ceux qui franchissaient les Pyrénées dans les années 1930. Il y a trois semaines, à Caldes de Montbui, une gigantesque écharpe populaire de 2 km a été déployée pour alerter sur « le sort des prisonniers politiques ». L’argent des ventes d’écharpes sert à « faire tenir le mouvement et à soutenir ceux qui sont en prison », explique Maria. Poursuivies pour rébellion, neuf personnalités indépendantistes, dont l’ex-viceprésident catalan Oriol Junqueras et l’ex-présidente du parlement régional Carme Forcadell, sont incarcérées à Madrid. L’une des tricoteuses part faire des courses et demande si elle doit rapporter quelque chose à ses camarades. « La République », répond Angels du tac-au-tac, avant de compléter dans un sourire : « Qu’est-ce que tu veux, nous avons ça dans le sang. » Parlant du « vrai visage brutal » du gouvernement espagnol, elles n’oublient pas que la guerre civile (1936-1939) a été une « bataille entre frères » et ne veulent pas en entendre parler. Angels place aussi qu’elle aimerait bien ne pas entendre parler non plus Manuel Valls. « Il parle des Bourbons comme d’une famille respectable, mais, chez vous en France, vous les avez guillotinés et vous nous les avez envoyés. Ne venez pas nous dire ce que l’on doit faire. Ici, on est pacifiste. »