Un piège d’amour pour aider la vigne
Muscadet De plus en plus de vignerons nantais utilisent des phéromones pour perturber la reproduction des insectes nuisibles
L’eudémis et le cochylis sont deux petits papillons considérés comme les principaux ravageurs des vignes du muscadet. Pour lutter contre leur prolifération, une méthode pour le moins originale recueille de plus en plus d’adeptes : la confusion sexuelle. Des phéromones fabriquées en laboratoire sont diffusées par des petites capsules posées au-dessus des ceps. La substance aphrodisiaque perturbe les mâles et empêche la reproduction. « On sature l’air de phéromones. Les mâles sont attirés, cherchent les femelles, s’agitent sur place et finissent par mourir d’épuisement. C’est un leurre invisible mis au point en imitant la nature », explique Emmanuel Vereecke, ingénieur technique chez BASF, qui a élaboré le Rak, produit le plus répandu. Les capsules de diffusion (500 par hectare) doivent rester en place durant six mois à partir du printemps afin de couvrir les trois cycles de reproduction des papillons. Et ça marche. « C’est très efficace, constate Christian Gauthier, vigneron à Saint-Hilaire-de-Clisson, qui utilise la méthode depuis trois ans. J’étais sceptique au départ mais il faut reconnaître que les résultats sont plus probants que les insecticides. »
Bonne pour l’environnement
La méthode possède d’autres avantages. « Elle est non polluante, donc meilleure pour l’environnement, meilleure pour la santé des viticulteurs et des riverains », insiste BASF. « J’observe le retour de coccinelles et d’oiseaux qui font leur nid dans les ceps », confirme Christian Gauthier. Elle est aussi plus simple d’utilisation.
« L’insecticide, il fallait en épandre tous les quinze jours. Là, on installe les capsules et on n’y touche plus jusqu’à l’automne », indique le vigneron. En revanche, le Rak est coûteux : environ 200 € par hectare, contre 80 € pour un insecticide classique. Il nécessite également une surface minimale de 4 ha pour être efficace. « Le coût est un frein mais il faut tenir compte des bénéfices, estime Christian Gauthier. Quant à la surface, ça oblige à se regrouper avec ses voisins. Ce n’est pas insurmontable. »