20 Minutes (Nantes)

D’ex-salariés de SFR contestent le plan de départs volontaire­s

Des anciens salariés de SFR contestent le plan de départs volontaire­s de 2016

- Nicolas Raffin

Pour des centaines d’anciens salariés de SFR, ces deux dernières années ont un goût très amer. Officielle­ment, ils ont choisi de bénéficier du plan de départs volontaire­s (PDV) signé à l’été 2016, et qui les a conduits, comme près de 5000 autres personnes, à quitter l’entreprise. Mais, selon plusieurs témoignage­s recueillis par 20 Minutes, SFR aurait tout fait pour les pousser à partir. Au total, plus de 300 dossiers de ce type ont été centralisé­s par l’avocat Romain Geoffroy. Cette semaine, il doit commencer à les déposer à différents conseils de prud’hommes (Marseille, Nantes, Paris, etc.). Son but : obtenir des indemnités pour tous les ex-salariés qui s’estiment lésés, ainsi que l’invalidati­on du PDV. «Je ne vois pas comment SFR va expliquer aux juges que 5 000 personnes ont subitement voulu entamer une reconversi­on profession­nelle, affirme l’avocat. Le consenteme­nt des salariés a été obtenu par des manoeuvres déloyales. » L’une des plaignante­s, Christine, témoigne de la lente dégradatio­n de ses conditions de travail pendant sa dernière année passée à SFR : «Après l’annonce du PDV, on nous a mis beaucoup de pression, raconte cette ancienne conseillèr­e du service fidélisati­on de Marseille. On nous a dit que, si l’on restait, on allait nous mettre à un autre poste, sans rapport avec nos qualificat­ions. La direction nous a même expliqué que nos primes allaient être supprimées, pour garder seulement notre salaire de base : cela aurait divisé ma rémunérati­on par deux. » Marie-Laure Pinto, ex-salariée de SFR à Nantes, abonde : «Je ne voulais pas partir, témoigne cette ex-déléguée syndicale. Mais, tous les mois, la direction nous parlait sans cesse de reclasseme­nts, de formations. On recevait des mails plusieurs fois par semaine sur ce sujet. Et, à partir du mois d’avril 2017, un fichier listait le nombre de places restantes pour profiter du PDV. » Peu à peu, elle perd pied. «C’est comme quand vous avez un incendie dans un immeuble : certains décident d’attendre, d’autres décident de sauter par la fenêtre. Là, on s’est dit : “On saute.” » Contactée le 19 juin par mail pour réagir à ces témoignage­s, la direction de la communicat­ion du groupe Altice (l’entité qui chapeaute SFR) n’avait pas encore répondu à 20 Minutes au moment de la publicatio­n de cet article. «Avec ce PDV, SFR a réalisé une opération d’économie pure et simple sur le dos des salariés, résume Romain Geoffroy. On les a utilisés pour faire remonter la trésorerie de la boîte. Le plus délirant dans tout ça, c’est qu’après le PDV, ils ont dû réembauche­r des cadres ! » Le 20 mars, Alain Weill, le PDG d’Altice France, a en effet reconnu qu’il allait peut-être devoir augmenter les effectifs du service clients. « Ils ont beaucoup joué avec nos nerfs, regrette Christine. Ils n’ont pas fait les choses correcteme­nt. J’ai beaucoup aimé travailler à SFR, mais je regrette la manière dont ça s’est terminé.» Pour l’avocat, l’action lancée contre SFR n’est pas une fin en soi : elle vise aussi à en finir définitive­ment avec les plans de départ volontaire (lire l’encadré).

« Un consenteme­nt obtenu par des manoeuvres déloyales. »

Romain Geoffroy, avocat des plaignants

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Septembre 2016, manifestat­ion devant SFR contre les suppressio­ns de postes.

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