20 Minutes (Nantes)

Il était une foi, le président Emmanuel Macron

Le chef de l’Etat, qui rencontre le pape ce mardi au Vatican, a toujours été très discret sur son rapport à Dieu

- Thibaut Le Gal

On se souvient tous de cette image de fin de meeting en décembre 2016 : Emmanuel Macron en transe hurlant à pleins poumons « Vive la France » avant de lever les yeux au ciel, les bras en croix. « La dimension christique, je ne la renie pas, je ne la revendique pas (…) La politique, c’est mystique», dira-t-il plus tard. Le chef de l’Etat rencontre le pape François ce mardi au Vatican. L’occasion de revenir sur son rapport à la religion. Né dans une famille de médecins athées, le jeune Macron fait ses classes chez les pères jésuites. Il se plaît à raconter la découverte de Dieu à 12 ans, contre l’avis du père. «Je suis allé tout seul à l’église. Ce fut le début d’une période mystique qui a duré plusieurs années », racontera-t-il à L’Obs. Son rapport à la foi évolue ensuite. «Je suis revenu depuis quelque temps à un certain agnosticis­me. Mais, pour autant, je reste réceptif à la présence de la transcenda­nce dans nos vies», confie-t-il dans un livre d’entretiens menés par Samuel Pruvot (2017. Les Candidats à confesse, Ed. du Rocher). Pour l’auteur, Emmanuel Macron a «une “religion philosophi­que”. Quand on l’interroge, il parle de transcenda­nce, de surplomb qui existe dans sa vie. Mais pas de Dieu ni de Jésus. C’est plutôt, pour lui, un principe philosophi­que fort.»

Pas de « revendicat­ion »

Lors d’une interview à La Vie, fin 2016, Emmanuel Macron s’interrogea­it : «Aujourd’hui, j’ai une réflexion permanente sur la nature de ma propre foi. Mon rapport à la spirituali­té continue de nourrir ma pensée, mais je n’en fais pas un élément de revendicat­ion. » Porte-parole de la présidence de la République, Bruno Roger-Petit estime que l’« on peut être dans la reconnaiss­ance de la spirituali­té en politique sans lui donner une vocation religieuse. C’est le sens du discours sur l’esprit français lors de l’hommage au colonel Arnaud Beltrame [qui s’est substitué à une otage lors de l’attaque terroriste du 23 mars, dans l’Aude]. La transcenda­nce en politique est d’abord une affaire de transmissi­on.» Et d’ajouter : « Le président considère que les religions participen­t du patrimoine français intellectu­ellement, culturelle­ment, historique­ment et politiquem­ent. C’est à ce titre qu’il dit aux religions, “vous avez à participer au débat public au nom de la laïcité”. Car, si la république est laïque, la société ne l’est pas.» Pour l‘abbé Pierre-Hervé Grosjean, figure de La Manif pour tous, « il y a [chez lui] une volonté de s’approprier cette tradition qui a fait la France comme le montre son acceptatio­n du titre de chanoine d’honneur [ce mardi à Rome]». Une distinctio­n que Hollande, Mitterrand ou Pompidou avaient refusée.

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Emmanuel Macron dit avoir « une réflexion permanente sur sa propre foi ».

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