20 Minutes (Nantes)

La French touch est laissée de côté

Cet été, encore, le président Kita n’a pas recruté de joueurs français

- Phelippeau

L’entraîneur portugais Miguel Cardoso le martèle : dans le vestiaire du FCN, c’est la langue de Molière qui prévaut. Pourtant, les joueurs français sont en minorité depuis la fin du mercato estival. Cet été, sur les huit recrues qui ont signé au FCN, il n’y a aucun joueur tricolore. Il y a un an, seul Pallois faisait figure de joueur français, estampillé L1, dans la liste des arrivées. Pourquoi le président Kita ne privilégie pas les joueurs français pour son recrutemen­t ?

› Parce que Kita travaille avec son réseau étranger.

«Il y a des étés où on recrute plus français qu’étranger, là c’est l’inverse…», explique Franck Kita, directeur général délégué du FCN, très impliqué dans le recrutemen­t. Le FC Nantes de l’ère Kita n’a pourtant jamais été adepte d’un recrutemen­t estampillé bleu-blanc-rouge. «Le président Kita travaille avec son réseau et ce dernier est davantage tourné vers les joueurs étrangers », explique un agent, qui souhaite rester anonyme. L’été dernier, Kita avait collaboré avec l’agent belge Mogi Bayat (très influent en Belgique) et le Marocain Abdallah Lemsagam (plutôt tourné vers l’étranger). Cet été, Mogi Bayat, et Jorge Mendes (le fameux agent portugais) dans une moindre mesure, ont été l’oreille de Waldemar Kita. «De nombreux agents français n’ont pas toujours envie de parler ou de négocier avec M. Kita, note un autre représenta­nt de joueurs. Nantes n’a pas une super cote pour beaucoup de joueurs de L1.» Le refus de Grenier de rejoindre Nantes l’hiver dernier illustre ce constat.

› Parce que Kita écoute un coach étranger.

Conceição, Ranieri et maintenant Cardoso… Les recherches pour le mercato estival ont inévitable­ment été orientées vers le Portugal ou le Brésil. «C’est normal, explique Philippe Mao, qui compose à lui seul la cellule recrutemen­t du club. Le coach a une bonne connaissan­ce du Portugal et a plus d’affinités avec des joueurs brésiliens que des joueurs français. Il doit avoir des résultats vite, il se rassure donc avec des joueurs qu’il connaît ou des éléments qui peuvent comprendre et transmettr­e sa philosophi­e de jeu.» Mao avait dressé une liste de joueurs français pour cet été. Bouanga, Grandsir, Eysseric ou Rosier en faisaient partie. Cardoso n’en a pas voulu. «Ce n’est pas le joueur qui est remis en question, mais il estimait que ces joueurs ne rentraient pas dans son projet de jeu. » Boschilia, Waris ou Limbombe figuraient, eux, dans une liste élargie établie par Mao.

› Parce que les joueurs français sont peut-être un peu plus chers.

La valeur marchande du joueur français semble monter d’années en années. Franck Kita avance souvent cet argument pour expliquer l’absence de joueurs tricolores. Et il n’a pas tout à fait tort. « Ça coûte très cher en transfert et en salaire», confirme un agent français. Rosier, latéral droit de Dijon, était par exemple estimé à près de 10 millions d’euros ! « Il y a pourtant moyen de faire des coups en France », est persuadé Philippe Mao. «Nantes doit travailler en amont les dossiers, l’absence de vraie direction sportive n’aide pas… », estime un agent. Il y a trois ans, la cellule de recrutemen­t du FCN (Monterrubi­o et Ayache) avait flairé un bon coup français pour 800000 €. Son nom : Thomasson.

« Kita travaille avec son réseau, qui est tourné vers l’étranger. »

Un agent français

«Nantes doit travailler en amont les dossiers… »

Un agent qui préfère rester anonyme

› Parce que recruter en National ou en L2, ce n’est « pas assez sexy ».

Et si Nantes s’inspirait de temps en temps d’Angers SCO? Toko Ekambi, Thomas, Traoré… Le voisin recrute malin (très souvent) à l’échelle inférieure. Pourquoi le FCN n’emprunte pas cette voie ? « Prendre en L2, ce n’est pas assez sexy pour Waldemar Kita », explique un agent français. Il y a un an et demi, le nom du jeune défenseur lavallois (National) Nordi Mukiele lui avait été soufflé. Aucune suite n’avait été donnée par le FCN. En janvier 2017, Mukiele rejoignait Montpellie­r pour 1,5 million d’euros. Cet été, il a été vendu à Leipzig pour 16 millions d’euros…David

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Lucas Evangelist­a, le milieu de terrain brésilien, est venu gonfler la colonie auriverde cet été sur les bords de l’Erdre.

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