Des étudiants en médecine analysent « Première Année »
Deux étudiants reviennent sur le film de Thomas Lilti, consacré à la première année de médecine
Apprendre sans comprendre. Alors que le gouvernement a annoncé une refonte des études de médecine, avec la possible disparition du numerus clausus, le film Première Année, réalisé par Thomas Lilti qui sort en salle mercredi, dévoile une Paces (première année commune aux études de santé) qui broie les aspirants médecins, pharmaciens… et sélectionne sur la mémoire. Une fiction que deux étudiants en médecine ont pu découvrir en compagnie de 20 Minutes. Ce plongeon dans ce marathon d’ingestion de polycopiés fait découvrir par quoi passent les 60000 étudiants qui, chaque année, tentent ce concours ultra sélectif. «On se lève Paces, on mange Paces, on dort Paces, s’amuse Coline Pottelette, qui est en cinquième année. C’est vrai qu’il faut être prêt mentalement… » Pour survivre à cette pression, mieux vaut avoir un pote avec qui partager les annales, les heures de bibliothèque et les révisions. Le film insiste sur l’amitié entre les deux protatogonistes (interprétés par Vincent Lacoste et William Lebghil), une complicité compliquée où la rivalité se mêle à la solidarité. « Quand j’ai redoublé, je me suis retrouvé seul, car tous mes copains avaient eu le concours, raconte Pierre-Adrien Girard, qui entre en quatrième année de médecine. Deux ans tout seul, c’est extrêmement long. »
Au travers de cette fiction, on découvre que Thomas Lilti, médecin dans une première vie, semble convaincu que quand on a les codes, un père médecin et les moyens, l’accès au Graal s’avère moins insurmontable. «L’environnement familial joue, mais le système de tutorat, effleuré dans le film, aide tous les étudiants», tempère PierreAdrien. Les étudiants en deuxième année proposent ainsi un accompagnement personnalisé aux nouveaux arrivants. «J’ai été suivie par un parrain qui m’a vraiment épaulée et j’ai ensuite parrainé des étudiants pendant deux ans », ajoute Coline. Thomas Lilti vient quand même ajouter de l’eau au moulin de ceux qui critiquent cette sélection déconnectée du métier. « La Paces, ce n’est pas une année d’étude, mais de sélection, confirme Pierre-Adrien. On ne sort pas de cette année avec des connaissances et une réflexion. On a juste bachoté… » Et cette première année de tronc commun a souvent des conséquences dramatiques. «On a des filières prises par dépit par certains qui ne feront pas d’eux des professionnels heureux», regrette le jeune homme.
« C’est vrai qu’il faut être prêt mentalement. »
Coline Pottelette, étudiante en 5e année