20 Minutes (Nantes)

Aurélie Filippetti

«Je voulais écrire sur mon expérience du pouvoir »

- Propos recueillis par Benjamin Chapon

Ceci n’est pas un livre politique. Mais ça y ressemble. Les Idéaux (Fayard) est un roman, écrit par Aurélie Filippetti. Aujourd’hui « retraitée » de la politique et sans mandat électif, l’ex-ministre de la Culture revient à ses premières amours : « Il s’était écoulé douze ans depuis mon dernier roman… Je suis contente de revenir à la littératur­e. »

Actuelleme­nt en promotion de ce roman, vous êtes souvent interrogée sur la politique d’Emmanuel Macron…

Oui, et comme je ne peux pas m’empêcher de répondre – parce que la politique me passionne toujours –, ces phrases-là sont retenues. Ça m’embête, car j’ai peur que les gens prennent Les Idéaux pour un livre sur la politique, alors que c’est avant tout un roman.

Mais on peut lire dans cette histoire votre propre expérience d’élue et de ministre…

Je voulais écrire sur l’expérience du pouvoir que j’avais vécue. Mais ce n’est pas seulement un roman sur une expérience intime, c’est aussi un livre sur le pouvoir et sur l’effondreme­nt du système auquel on a assisté ces dernières années. C’est le portrait d’une époque, d’un renoncemen­t. J’ai voulu chercher à comprendre comment cela avait été possible.

Pourquoi ne pas avoir raconté cette expérience dans un essai plutôt que dans un roman ?

Je préfère les vrais livres ! Les essais politiques ne sont pas de la littératur­e, mais plutôt des objets de communicat­ion. Je n’en lis jamais. Il y a, paradoxale­ment, plus d’authentici­té dans un roman qui est volontaire­ment artificiel. L’auteur n’est pas tenu par un souci de réalité.

Votre héroïne affronte des accusation­s en naïveté. Vous n’épargnez pas votre personnage, mais vous lui gardez une sympathie…

Je préfère les idéaux au cynisme, oui. Je suis effarée que la politique puisse être considérée comme une carrière. Je préfère ceux qui sont animés par une passion.

C’est très romanesque, mais est-ce efficace dans la vie politique réelle ?

Je ne sais pas. Je n’ai aucun mal à admettre que j’ai été battue. Mais je sais pourquoi. Hollande avait été battu parce qu’il n’a pas appliqué le programme pour lequel il a été élu, parce que le pouvoir détruit toute volonté politique, parce que le conformism­e affadit tout. J’entends parfois que je défends une politique idéologiqu­e, mais les échecs des politiques résultent d’une vision très idéologiqu­e de l’économie.

Voyez-vous un point commun entre le statut d’auteur et celui de président de la République ?

Il y a le côté démiurge, bien sûr. Mais l’auteur n’engage pas la vie de millions de gens avec ses décisions. Il n’agit que sur ses personnage­s. Quand j’écris, c’est là que je me sens vraiment libre.

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L’ancienne députée raconte «l’expérience du pouvoir» qu’elle a vécue.

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