Le coaching pendant les matchs, ce n’est pas gagné
La colère de Serena Williams, en finale de l’US Open, a relancé le débat sur l’interdiction faite aux coachs de donner des consignes
Le retour en grâce de Novak Djokovic ? Très bien. Le sacre de la jeune Naomi Osaka ? Excellent. Mais ces succès à l’US Open ont été éclipsés par la colère de Serena Williams en finale, samedi. Un excès de rage qui s’est traduit, notamment, par des propos virulents à l’encontre de l’arbitre Carlos Ramos. A l’origine, un avertissement donné par le Portugais à l’ex-n°1 mondiale, accusée d’avoir reçu des instructions de son entraîneur, ce qui est interdit seulement lors des tournois du Grand Chelem en WTA. Le malentendu a mis en lumière l’une des spécificités du tennis, celle où les joueurs sont livrés à euxmêmes. Avec en point d’orgue, une question : faut-il abolir l’interdiction de coaching?
« Cela a toujours été interdit par le règlement, mais ça a été toujours pratiqué, assure l’ancienne joueuse Sarah Pitkowski. Il y a des petites phrases codifiées, de la gestuelle qui permet d’établir une communication entre le joueur et son entraîneur. » Cette roublardise institutionnalisée, Nick Bollettieri, ex-mentor d’Agassi,
« Il y a forcément un manque d’équité si on n’encadre pas l’arbitrage. »
Sarah Pitkowski
Sharapova ou Rios, la racontait dans The Independent en 2015 : « Un jour, sur un gros tournoi, j’ai donné à ma joueuse un pense-bête sur lequel était inscrit que si je me touchais le nez, elle devait faire une chose. Si je retirais mes lunettes, elle devait en faire une autre…» Autant de subterfuges qui rendent la vie dure à Carlos Ramos et ses confrères. «Quand il y a du bruit, que ça s’agite beaucoup en tribunes, l’arbitre ne peut pas voir si le coach parle ou bouge, indique l’ancien joueur Arnaud Clément. Il faudrait mettre des micros sur les coachs pour qu’ils puissent tout capter.»
A la question de la dénaturation de l’ADN du tennis, s’ajoute aussi un autre problème. « Il y a des joueurs qui manquent de moyens, se déplacent seuls, et n’ont pas de clan. Il y a forcément un manque d’équité si on n’encadre pas le coaching», développe l’ancienne 29e mondiale. Trancher la question serait un moindre mal. La situation du circuit masculin a le mérite d’être claire : zéro coaching autorisé, point barre. Il faudrait donc « harmoniser l’arbitrage, selon Arnaud Clément. Ramos arbitre majoritairement sur des tournois masculins. Est-ce que Serena Williams a réagi comme ça parce que, sur d’autres tournois, il y a plus de laxisme dans l’arbitrage ? Possible. Mais on peut aussi prendre la question dans le sens inverse. Si Ramos est indulgent et n’avertit pas Serena et qu’elle revient dans le match, Osaka aurait peut-être crié à l’injustice parce que l’arbitre n’a rien fait.»