Quand l’enfant part seul à l’aventure
Colos, centres de loisirs… Pourquoi ces lieux sans parents sont importants pour les enfants ?
Emmener son enfant à la gare, le voir courir sur le quai avec son sac à dos, le confier à un responsable et le laisser pour quelques jours, voire quelques semaines… Bon nombre de parents ont déjà vécu ce moment de départ en colonie de vacances. Des instants charnière pour les enfants, importants pour le développement
Béatrice Copper-Royer
de leur indépendance, mais pas que. « Les enfants grandissant, ils doivent comprendre qu’ils peuvent se séparer de leurs parents », explique Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne spécialisée dans l’enfance et l’adolescence, avant d’ajouter : « l’éloignement leur montre qu’il y a d’autres univers où il est possible de vivre et de s’émanciper ». Cette découverte de l’autonomie peut se faire pendant les périodes de vacances, mais aussi tout au long de l’année comme le rappelle Frédéric Lecomte, responsable du secteur socio-culturel du Cercle Paul Bert à Rennes. « Les établissements comme le nôtre offrent un vrai projet pédagogique pendant la période scolaire. » Dans ce centre de loisirs d’éducation populaire, on apprend « le civisme, la laïcité, la démocratie… » Les enfants s’éveillent à ses valeurs dans un cadre complémentaire à ceux de l’école et la famille. Pour Béatrice Copper-Royer si ces centres sont importants pour les enfants, ils ne sont pas suffisants. « L’aventure de la colonie de vacances est beaucoup plus audacieuse pour le petit comme pour les parents. L’enfant sort de sa zone de confort, ne dort pas à la maison, ses repères changent. » Mais cela nécessite un minimum de préparation en amont. « Une discussion préalable est indispensable afin que l’expérience soit optimale. » Prendre en compte l’avis de l’enfant donc, car la séparation sur une période, même courte, peut être difficile. La psychologue prévient : « Vous pouvez expliquer, essayer de convaincre mais évitez de l’imposer à votre enfant s’il est vraiment réfractaire. » Réfractaires, les parents peuvent l’être aussi. Il n’est pas toujours facile de se séparer de sa progéniture. Béatrice Copper-Royer conseille aux plus inquiets de lâcher la bride. La psychologue perçoit de plus en plus ce qu’elle définit comme une angoisse sécuritaire très forte. « Les parents ont peur du bobo, du harcèlement… Cela alimente une réserve vis-à-vis des colonies. » On retrouve cette réticence dans les chiffres : d’après le ministère de l’Education nationale, plus d’un million d’enfants partaient en colonie de vacances en 2011, contre 800 000 en 2016.
« L’enfant sort de sa zone de confort, (…) ses repères changent. »