20 Minutes (Nantes)

La neurostimu­lation bientôt sur les terrains d’entraîneme­nt

La stimulatio­n du cerveau par impulsion électrique aiderait les sportifs

- Nicolas Camus

« Cela raccourcit le temps pour développer la force musculaire. »

L’athlète Hafsatu Kamara

C’était en février. Confortabl­ement assis dans une chambre d’hôtel à Monaco, Michael Johnson est là pour promouvoir la Fondation Laureus. Le premier homme à avoir réussi le doublé 200 m-400 m aux JO, en 1996, parle éducation par le sport. Mais l’Américain se laisse prendre au jeu quand on le lance sur MJ Performanc­e, la structure d’entraîneme­nt qu’il a créée au Texas. Lancée en 2007, elle se distingue par sa promotion de la neurostimu­lation. « La technologi­e avance dans tous les domaines de la vie, le sport ne fait que prendre la même direction, indique Johnson. Personne ne sait exactement à quel point on peut gagner en vitesse ou en puissance. » Dans cette optique, l’Américain s’est associé avec l’entreprise Halo Neuroscien­ce, qui a créé un casque, destiné aux sportifs, où se trouvent des électrodes qui délivrent des impulsions dans le cortex moteur – la zone en haut du crâne qui planifie, contrôle et exécute les mouvements volontaire­s. « Une stimulatio­n de ce type a pour effet de développer la force de transmissi­on du cortex en direction des muscles, décrypte Aymeric Guillot, enseignant chercheur à l’université Claude-Bernard Lyon-I. Ce ne sont pas des effets qui s’installent indéfinime­nt, mais on peut penser qu’en multiplian­t le nombre de sessions, on pourrait installer un effet plus durable, propice à la progressio­n. »

Alors, concrèteme­nt, quels sont les avantages ? « Cela m’aide à améliorer ma concentrat­ion lors de l’exécution de mes mouvements, et donc à améliorer mes performanc­es, nous explique la sprinteuse sierra-léonaise Hafsatu Kamara. J’ai vraiment l’impression que cela raccourcit le temps pour développer la force musculaire. » L’athlète, qui s’entraîne aux Etats-Unis, a découvert le casque par ses propres recherches. Elle l’utilise seule, sans suivi médical. « La neurostimu­lation peut être dangereuse si vous faites n’importe quoi, mais le casque est simple d’utilisatio­n », estime-t-elle.

La science a toujours besoin de recul. Les seules études qui existent proviennen­t de la société Halo ellemême. Elles démontrent une hausse de 12% de la capacité explosive et de 31 % de la force de propulsion pour les « neurostimu­lés », par rapport à ceux qui ne le sont pas. La question derrière tout ça est la marge dont chacun dispose entre ce qu’il arrive à faire et ce qu’il serait capable de réaliser s’il utilisait mieux son cerveau. Quelle estelle ? « C’est la question à plusieurs millions de dollars », éclate de rire Michael Johnson.

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La Sierra-Léonaise Hafsatu Kamara a commencé la neurostimu­lation.

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