20 Minutes (Nantes)

Cléo, comme un poisson dans l’eau

La Redonnaise trisomique, au palmarès long comme le bras, participe au tri-relais du triathlon de la Baule, samedi

- David Phelippeau

Elle n’a pas froid aux yeux. « C’est la première fois, mais je n’ai pas peur… » Cléo Renou, jeune nageuse trisomique de presque 17 ans, sera alignée samedi sur le tri-relais du triathlon Audencia-La Baule. Au menu pour cette Redonnaise : 500 m de natation en pleine mer. Cléo, c’est un petit bout de jeune femme qui fait la fierté de toute la famille Renou : ses parents, sa grande soeur Zoé et sa petite soeur Maïa. Depuis la naissance, elle multiplie les prouesses. « On nous avait dit qu’elle ne marcherait pas avant 4 ou 5 ans, Cléo a marché à 20 mois », se souvient sa maman, Alexandra. A 9 ans, elle « apprend en à peine dix cours à nager ». Le début d’une histoire d’amour avec la natation qui prend racine dans le mimétisme familial. « J’ai toujours voulu nager comme ma grande soeur Zoé… », avoue Cléo. Aujourd’hui, la Redonnaise n’est plus une nageuse ordinaire, comme à ses débuts. Championne d’Europe de sport adapté sur 200 m papillon en novembre 2017 à Bobigny, cinq titres de championne du monde en juillet au Canada… « On est très fiers d’elle, avoue, émue, Alexandra. Ce qui nous touche le plus c’est de la voir heureuse… »

Cléo veut être « un exemple »

« J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là », lance celle qui est en CAP commerce dans un lycée de Redon. Des heures passées dans des couloirs de piscine que Cléo n’a pas de mal à expliquer. « En fait, quand je suis dans l’eau, je ne me sens pas différente. » Forcément, quand elle remise le bonnet, les lunettes, « les moqueries », selon sa maman, fusent autour des bassins. « Mais, ces gens sont vite repris par leurs entraîneur­s qui leur expliquent qu’ils pourront l’ouvrir quand ils auront le palmarès de ma fille ! » Alexandra le répète à l’envi. Elle est « fière » de sa fille au quotidien. Fière, aussi, sans doute, de ne pas avoir écouté les conseils des médecins à la naissance de Cléo : « Ils m’avaient dit qu’elle ne ferait rien de sa vie, ils m’avaient demandé si j’étais vraiment sûre de vouloir la garder. C’est d’une violence extrême, on vous met en pleine face que, si vous gardez votre enfant, votre vie sera un enfer ! […] Aujourd’hui, notre fille fait des choses que beaucoup d’enfants valides ne font même pas. On ne pensait pas qu’elle pourrait autant s’épanouir. »

Cléo a conscience d’être « un exemple » pour beaucoup d’autres enfants trisomique­s. « Je veux montrer qu’on peut y arriver, même avec un handicap… » Et sa mère en est même sûre : « Le handicap fait peur, mais il faut laisser leur chance à ses enfants. Trop de portes se ferment pour eux… » En attendant, Cléo a trouvé la clé pour les ouvrir et ne compte pas la lâcher.

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Samedi, lors du tri-relais, Cléo Renou nagera 500 m seule en pleine mer.

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