20 Minutes (Nantes)

La branchitud­e

Les arbres peuvent-ils contribuer au bien-être ? Pour le vérifier, « 20 Minutes » s’est baladé en forêt avec des adeptes de sylvothéra­pie.

- Oihana Gabriel

« Sylvothéra­peute n’est pas un métier pour l’instant. »

Sylvie Triboulot, accompagna­trice en forêt

La forêt n’a jamais autant la cote qu’à l’arrivée de l’automne, présenté comme la meilleure saison pour la cueillette des champignon­s. Les adeptes de la sylvothéra­pie (soin par la forêt en latin), eux, ont compris que rien ne servait d’attendre que leurs feuilles tombent pour aller au contact des arbres. Pour vérifier les bienfaits de cette pratique portée aux nues au Japon, et que certains caricature­nt en étreintes d’arbres aux vertus démesurées, direction Gérardmer, dans le massif des Vosges, où ce nouveau loisir se développe. Sylvie Triboulot se présente comme une accompagna­trice en forêt : «Sylvothéra­peute, ce n’est pour le moment pas un métier», relève-t-elle, soulignant que « certains profitent de l’effet de mode pour proposer des formations excessivem­ent chères ». Voire pour vanter les vertus prétendume­nt curatives des arbres : « Si quelqu’un me dit qu’il veut soigner son cancer grâce à la sylvothéra­pie, je lui répondrai d’aller chez le médecin!» Pendant deux heures trente, je suis invitée à toucher la mousse, écouter les oiseaux, observer les insectes, humer la terre… Le silence des bois et la faible luminosité apaisent, ou angoissent. «On s’autorise rarement à faire autre chose que marcher en forêt, remarque Sylvie Triboulot. Et on la présente toujours comme un lieu inquiétant, où l’on risque de tomber sur un loup, ou un violeur ! Moi, je pense que la forêt est un endroit merveilleu­x, où il est dommage de ne regarder que ses pieds.» Inquiéter sur les multiples dangers du bain de forêt (lire l’encadré) n’est pas tellement le genre de la maison, mais Sylvie Triboulot prévient : «Pour aller en forêt, il faut être en pantalon, chaussures fermées, et toujours avoir un anti-tiques. » Suivre ses pas, et ses conseils, est indispensa­ble. Car si le marketing risque de rendre onéreux un loisir gratuit, certains accompagna­teurs proposent des informatio­ns précieuses, des méthodes pour méditer ou des jeux ingénieux. Pendant une demi-heure, je découvre seule cette nature inconnue avec un sac rempli d’alliés : une loupe, une boîte à insectes, un tapis pour m’étendre… et un stéthoscop­e, pour écouter le coeur des arbres.

Une approche ludique que partage Sader. Il travaille à l’hôtel spa La Clairière, au nord de Strasbourg, et a été formé pour proposer aux clients des bains de forêt récréatifs. Mais pas que. « Des études japonaises ont montré que les arbres font baisser notre taux de cortisol, hormone du stress, ralentir notre coeur et augmenter notre capacité de concentrat­ion. » Le bain de forêt commence par une marche afghane. Soit déambuler pieds nus pour mieux sentir les feuilles et la terre en coordonnan­t notre respiratio­n sur nos pieds, badigeonné­s d’antitiques. Faire de la musique, dessiner des arbres… Sader donne des idées d’activités. «Je ne pensais pas qu’on pouvait y faire autant de choses ! s’enthousias­me Alyssa, une participan­te. Je vais tous les jours en forêt, mais je vais la regarder différemme­nt maintenant.» Personnell­ement, ces plongées en forêt ont peut-être calmé mes insomnies, clairement pas soigné ma bronchite. Mais j’ai déjà envie d’y retourner…

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Dans la forêt de Gérardmer.
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 ??  ?? Sylvie Triboulot (en h. à dr.) et Sader (en b. à g.) proposent des bains de forêt dans l’est de la France.
Sylvie Triboulot (en h. à dr.) et Sader (en b. à g.) proposent des bains de forêt dans l’est de la France.

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