20 Minutes (Nantes)

Les facteurs de l’infarctus féminin restent à définir

Une étude va être lancée afin de définir l’origine d’une maladie qui est la première cause de mortalité chez les femmes non ménopausée­s

- Oihana Gabriel

De battre le coeur d’une femme risque de s’arrêter. L’infarctus, maladie moins souvent évoquée que le cancer chez la femme, représente un danger bien réel. « Une femme a quatre fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasc­ulaire que d’un cancer du sein », prévient Elisabeth Riboud, déléguée générale de la Fondation coeur & recherche. Pourtant, aujourd’hui, le grand public et parfois même les médecins ignorent ou minorent ce risque.

« Nos études montrent que le nombre de décès [par infarctus] des femmes non ménopausée­s avait augmenté de 25 % en dix ans, souligne Martine Gilard, présidente de la Société française de cardiologi­e. C’est très compliqué à expliquer et c’est pour cela qu’il faut lancer un projet de recherche. » D’où l’appel aux dons qui vient d’être lancé par la Fondation coeur & recherche, qui espère récolter au moins 150 000 € pour donner le coup d’envoi à l’appel à projet. Cette étude, concentrée sur les patientes, s’annonce fondamenta­le, d’autant que la recherche a exclu de ses essais les femmes ménopausée­s depuis une trentaine d’années.

Martine Gilard, de la Société

française de cardiologi­e

Aujourd’hui, les préjugés, du grand public comme des médecins, nuisent au diagnostic. Ainsi, une femme en plein infarctus est prise en charge une demi-heure à une heure plus tard par rapport à un homme. « Si un homme se plaint d’une douleur dans la poitrine, sa femme appelle le Samu, tandis que si c’est une femme, on va lui dire d’aller se reposer », ironise Martine Gilard.

Les médecins lancent quelques pistes à explorer concernant les facteurs qui augmentent ce risque d’infarctus. « On sait que les femmes fument plus qu’avant », reprend Martine Gilard. Autres tendances sociétales qui pourraient jouer : la sédentarit­é, le stress et l’obésité. Et la pilule ? « Ce n’est pas un facteur à lui seul, mais si la patiente sous pilule fume et a dans sa famille des personnes qui ont souffert de maladie cardiaque, c’est possible », répond la cardiologu­e. Enfin, une fragilité coronarien­ne représente aussi une cause éventuelle. La Fondation coeur & recherche a lancé une étude spécifique sur cette question. Aujourd’hui, informer le plus grand nombre sur les signes qui doivent alerter reste une priorité. « Dans 90 % des cas, un infarctus provoque une douleur dans le thorax, diffuse, qui peut remonter jusqu’au bras, au dos, à la mâchoire, associée à une grande angoisse et un essoufflem­ent », rappelle Martine Gilard.

« Si une femme se plaint d’une douleur à la poitrine, on va lui dire d’aller se reposer. »

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Le tabac, la sédentarit­é, le stress, l’obésité et la pilule sont des pistes évoquées.

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