20 Minutes (Nantes)

La prison d’Orvault met le paquet sur l’éducation

En dix ans, l’établissem­ent pour mineurs a vu passer plus de 1 800 ados

- Julie Urbach

Certains viennent à peine de quitter l’âge où l’on joue aux gendarmes et aux voleurs. Mais, pour ces ados, la prison n’est pas qu’une simple case au Monopoly. Près de Nantes, l’établissem­ent pour mineurs (EPM) d’Orvault vient de fêter ses 10 ans. Au total, 1807 jeunes (entre 13 et 18 ans) y ont été détenus alors qu’il y a quelques jours, une mission sénatorial­e a plaidé pour un développem­ent de ces prisons pas comme les autres, au nombre de 7 en France.

Susciter «un déclic»

Même s’il est difficile d’oublier les barreaux et l’imposante enceinte, le lieu a des airs d’internat. C’est l’état d’esprit de ces EPM, qui veulent être « des salles de classe entourées de murs », selon la formule du garde des Sceaux de l’époque. Objectif : mettre le paquet sur l’éducation, grâce à un partenaria­t entre administra­tion pénitentia­ire, protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et Education nationale. « Un suivi impossible lorsque ces ados sont au contact de détenus adultes, comme ça existe en France », assuret-on ici.

Quel que soit leur âge, les jeunes (30 actuelleme­nt, pour une cinquantai­ne de places) reçoivent au moins dix heures d’enseigneme­nt par semaine et valident, pour certains, des diplômes. Le reste du temps, on cherche à susciter « un déclic chez ces détenus qui ont des situations familiales compliquée­s, une scolarité en dents de scie et, souvent, des addictions», observe Cassandre Schmutz, la directrice adjointe. Salle de muscu et terrain de foot attirent. «Une soupape pour qu’ils se défoulent, et qu’ils apprennent aussi le respect mutuel», détaille un moniteur de sport. Ateliers lecture, cuisine ou musique, tout est bon pour occuper ces ados (incarcérés pour quatre mois en moyenne) et, surtout, pour les aider, une fois sortis, à revenir sur le droit chemin. Mais tout n’est pas rose à Orvault. Bagarres, feux de cellules et agressions de personnels font partie du quotidien. Le suicide d’un jeune, en 2010, est encore dans les mémoires. Et la lutte contre la récidive, objectif premier de l’EPM, est rude. « Entre 12 et 15 % des détenus passés à Orvault y retournent », indique-t-on à la PJJ. Un phénomène en réalité plus important, selon des surveillan­ts, qui assurent en retrouver beaucoup à la maison d’arrêt. « L’EPM consomme beaucoup de personnels pour un résultat mitigé», estime Daniel Joliet, du syndicat Ufap-Unsa. Environ 200 personnes (dont 84 surveillan­ts et une trentaine d’éducateurs) intervienn­ent quotidienn­ement dans l’enceinte d’établissem­ent.

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L’EPM d’Orvault est conçu pour incarcérer les jeunes âgés de 13 à 18 ans.

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