Fausse victime, vraie prévenue 13-Novembre
Alexandra D., qui avait déclaré avoir été blessée durant les attentats de 2015, est jugée pour escroquerie et faux témoignage
Dans les rangs de l’association Life for Paris, on dit la « lassitude ». Pour la troisième fois en quelques mois, la justice doit juger une « fausse victime » du 13-Novembre. Loin du « coup de tonnerre » provoqué par le premier dossier du genre (en mai 2016), l’affaire laisse toutefois un goût amer à ceux qui ont côtoyé Alexandra D., renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris ce mardi pour escroquerie et faux témoignage. Agée de 32 ans, la jeune femme avait fait l’objet d’un reportage réalisé par l’AFP en novembre 2017 sur les tatouages dans le processus de reconstruction. 20 Minutes, comme de nombreux médias, avait par ailleurs relayé son témoignage. Depuis, Alexandra D. a fait l’objet d’une enquête et a été placée sous contrôle judiciaire jusqu’à son procès. Sa première apparition médiatique intervient dès le lendemain des attentats. Photographiée devant la terrasse du Carillon, elle explique qu’elle devait rejoindre la veille cinq amis installés en terrasse. Voisine du lieu, elle confie au journaliste avoir perdu deux de ses proches dans l’attentat, mais précise qu’elle n’était pas sur place au moment de l’attaque.
Vingt mille euros d’indemnités
Quelques mois plus tard, les premières associations de victimes sont constituées. « Elle n’a jamais adhéré, elle ne payait pas de cotisation, mais elle a rejoint nos rangs dès début 2016, détaille le porte-parole de Life for Paris. A l’époque nous n’avions aucun recul sur le phénomène des “fausses victimes”, ça n’existait pas dans nos esprits et, de fait, il n’y avait pas de contrôle sur la fiabilité de nos membres. » Lorsque Alexandra D. intègre l’association, son histoire a complètement changé. « Elle nous explique qu’elle était au Carillon avec deux amis et qu’elle a été blessée au bras. On apprendra plus tard, par exemple, qu’il s’agissait vraisemblablement d’une ancienne blessure de surf », poursuit un membre de l’association.
En parallèle, la jeune femme entre en relation avec le Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme (FGTI). Inscrite sur la « liste unique des victimes » (LUV), elle peut prétendre rapidement à une indemnisation. « Le préjudice s’élève à 20 000 € et nous demandons la restitution de cette somme », indique Jean-François Laigneau, avocat pour le FGTI. L’émergence de cas de fausses victimes pousse des membres de Life for Paris, avec une journaliste de l’AFP, à démêler le récit d’Alexandra D. Un signalement est fait aux policiers fin 2017. Après six mois d’enquête, la jeune femme a été arrêtée en juin. Son avocat William Bourdon n’a pas souhaité s’exprimer avant l’audience.