20 Minutes (Nantes)

Avant MeToo, « il y a eu une libéralisa­tion de la parole »

Enquête Responsabl­e à Santé Publique France, Nathalie Lydié revient sur la question du consenteme­nt

- Propos recueillis par Thibaut Le Gal

C’est une grande enquête qui a été réalisée avant l’avènement des mouvements #MeToo et #BalanceTon­Porc. Santé Publique France a dévoilé mardi les résultats de son Baromètre santé 2016, genre et sexualité, d’une décennie à l’autre*. Nathalie Lydié, responsabl­e de l’unité santé sexuelle à Santé Publique France, en présente les principaux résultats.

Existe-t-il toujours des différence­s entre les hommes et les femmes sur l’âge du premier rapport sexuel ?

Le premier rapport sexuel se fait aujourd’hui à 17,6 ans pour les filles et 17,0 ans pour les garçons. On voit une stabilisat­ion de l’âge médian au premier rapport au cours des dix dernières années. Il reste une différence de 6 mois entre les garçons et les filles, mais l’écart s’est réduit entre les génération­s. En 1968, il était d’un peu plus d’un an entre les deux sexes. Enfin, les filles continuent d’avoir leur premier rapport sexuel avec des garçons plus âgés qu’elles d’au moins deux ans.

Et en ce qui concerne les motivation­s de cette première fois ?

Sur le motif principal, on retrouve des réponses très genrées, avec un registre affectif prédominan­t chez les femmes (amour/tendresse pour 53,6 % contre 25,9 % pour les hommes) et un discours plus viriliste chez les hommes, qui évoquent le désir (47 % contre 25,8 % des femmes), la curiosité, ou le besoin de franchir une étape.

Qu’avez-vous appris sur la question du consenteme­nt ?

On a appris que 10,7 % des femmes disent avoir accepté, mais pas vraiment souhaité leur premier rapport (pour 6,9 % des hommes) et que 1,7 % dit avoir été forcées de le faire (pour 0,3 % des hommes). Cette distinctio­n montre qu’on peut consentir sans vraiment le vouloir.

Plus généraleme­nt, parmi les 18-69 ans, 18,9 % des femmes (et 5,4 % des hommes) déclarent avoir déjà été confrontée­s à des tentatives ou à des rapports sexuels forcés (contre 15,9 % en 2006)...

Cette évolution montre surtout que les violences sexuelles sont davantage déclarées. Il y a eu une libération de la parole, car la reconnaiss­ance sociale de cette violence a augmenté. Les victimes se sentent davantage légitimes d’en parler, ce qui était moins le cas lors de la précédente enquête. * Réalisé par téléphone en 2016 auprès d’un échantillo­n représenta­tif de plus de 15 000 personnes âgées de 15 à 75 ans.

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L’étude montre que la parole a commencé à se libérer bien avant #MeToo.

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