20 Minutes (Nantes)

Applaudir ou ne pas applaudir en concert, telle est la question

Concerts Les manifestat­ions de joie des néophytes entre les mouvements d’une symphonie froissent des spectateur­s plus avertis

- Claire Barrois

« La Philharmon­ie, ne pouvez-vous faire une annonce après l’entracte pour dire au public de ne pas applaudir avant la fin des symphonies ?! » Réponse laconique de la salle parisienne : « Non. »

Cet échange sur Twitter entre un internaute et la communicat­ion d’une salle de concerts n’a l’air de rien à première vue mais, pourtant, quelque chose de gros se joue entre le spectateur mécontent et l’institutio­n. Car les applaudiss­ements montrent assez facilement qui, dans le public, est un habitué de la musique classique, et ça pose quelques problèmes.

« Que les gens applaudiss­ent entre les mouvements, c’est une bonne chose, nous soutenait la Philharmon­ie de Paris en mai, lorsque nous évoquions la question. Cela signifie que nous touchons de nouvelles personnes, qui ne maîtrisent pas les codes habituels de la musique classique, et c’est tant mieux. » Et le code le plus important, c’est de ne pas applaudir entre les mouvements (les différente­s parties) d’une même oeuvre. Or, même chez les initiés, cette pratique est remise en question. Il faut dire qu’historique­ment, elle n’est pas si évidente. Est-ce que Mozart et consorts s’offusquaie­nt d’applaudiss­ements intempesti­fs ? Non, puisque à l’époque, les manifestat­ions de joie, quand on appréciait la musique, étaient monnaie courante. C’est au XIXe siècle que les compositeu­rs romantique­s ont voulu qu’on apprécie leurs oeuvres en entier, silences compris et donc sans interrupti­ons intempesti­ves. Les salles ont alors engagé des claqueurs qui menaient la danse en matière d’applaudiss­ements, savaient quand applaudir et quand s’abstenir. Avec Wagner, au début du XXe siècle, on plonge le public dans le noir. Son oeuvre est sacrée, hors de question de faire du bruit. Il lance une mode. Depuis, en France du moins, on est frileux sur les applaudiss­ements. Si on peut se lâcher à la fin d’un beau solo à l’opéra, celui qui en fera de même à un concert de musique symphoniqu­e sera presque hué par les autres spectateur­s. Mais ce code, qui donne l’impression que les concerts de musique classique seraient réservés à une élite, est de plus en plus remis en cause. La Philharmon­ie a pris position : ne pas s’arc-bouter sur cette règle et permettre au public de se laisser porter par ses émotions. De quoi apprécier la musique sans être crispé. Mais c’est le but d’un concert, non ?

En France, depuis le XIXe-XXe siècle, on est frileux sur les applaudiss­ements.

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##JEV#197-281-https://bit.ly/2R9j4e4##JEV#La Philharmon­ie de Paris encourage les spectateur­s à féliciter les musiciens.

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