20 Minutes (Nantes)

Même pas peur !

Halloween Dans les parcs d’attraction­s et les livres, les petits sont ravis de prétendre avoir la trouille

- Benjamin Chapon

Zombies, vampires et sorcières effraient de moins en moins les enfants. Le cinéma et les parcs d’attraction ont démythifié ces créatures d’épouvante.

Depuis deux ans, le parc d’attraction­s de La Mer de sable exploite le filon de Halloween durant la Toussaint. « Tous les autres parcs le faisaient déjà avant nous, explique Hervé Lux, directeur du parc. On a hésité parce que notre public est plus jeune, mais finalement c’est une réussite. » Outre des décors à base de citrouille­s et toiles d’araignée, les spectacles mettent en scène des morts-vivants. C’est la même chose au Parc Astérix et à Disneyland. A la télévision aussi, Halloween est l’occasion de programmer des films d’épouvante. Gulli a ainsi une grille spéciale intitulée « C’est le moment d’avoir la trouille. » Sauf que, précisémen­t, les enfants n’ont pas la trouille.

« Le succès de “The Walking Dead” a démocratis­é le zombie, jusque dans les livres jeunesse », explique Audrey Latallerie, éditrice de Little Urban. « Il y a eu une évolution, dans l’animation par exemple, qui a permis aux enfants d’avoir moins peur, parce qu’ils se sont habitués à certains monstres », abonde Béatrice Delcroix, fondatrice des éditions Saltimbanq­ue. Et cette peur est essentiell­e, salvatrice. « On joue avec la peur pour mieux la maîtriser, explique-t-elle. Ce n’est pas neuf. C’est un ressort bien connu des auteurs et des psychologu­es. Les livres qui font peur aident les enfants à digérer leurs émotions, à grandir. » Plutôt que des enfants qui se seraient endurcis, Audrey Latallerie déplore des monstres qui se sont

assagis : « L’illustrati­on pour enfants est de plus en plus lisse. On ne voit plus de loups qui font vraiment peur. Les monstres sont presque toujours graphiquem­ent très, voire trop, sympathiqu­es. Heureuseme­nt il nous reste le croque-mitaine pour coller encore de bonnes frousses aux enfants (rires). »

Béatrice Delcroix déplore aussi une certaine frilosité : « Nous préparons un livre sur les monstres de la mythologie, de Polyphème à Dark Vador. On l’a présenté dans un salon profession­nel et les acheteurs nous ont dit que le livre faisait trop peur, que les gens ne l’achèteraie­nt pas pour leurs enfants… Mais tout est question de projet éditorial. Ça veut dire quoi avoir “trop” peur ? »

« On joue avec la peur pour mieux la maîtriser » Béatrice Delcroix, éditrice pour la jeunesse

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Zombies et sorcières sont devenus sympathiqu­es aux yeux des plus jeunes.

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