Des migrants logent au CHU, faute d’hébergement
Réfugiés Plusieurs familles ayant fui leur pays se sont installées dans le hall des urgences de l’hôpital de Nantes, faute d’hébergement
Voilà déjà près de trois semaines que des migrants rejoignent, à la nuit tombée, le hall des urgences du CHU de Nantes pour se mettre à l’abri. Mais la situation s’est compliquée ces derniers jours puisque près de 80 personnes, des familles en majorité, occupent désormais la salle d’attente. Elles ont fui l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, l’Irak ou la Syrie. La journée, leurs sacs et valises sont entassés devant l’entrée, tandis que les enfants tuent le temps, à deux pas des brancards et malades. La nuit, ils dorment sur des couvertures, à même le carrelage.
Pas d’impact sur les soins
« On n’a jamais connu une telle situation, explique Guillaume Caro, directeur adjoint du CHU de Nantes. Ça n’a pas d’impact sur le fonctionnement des urgences mais ça perturbe l’accueil. Ça demande aussi un peu de réorganisation, pour le nettoyage et la sûreté par exemple. » Si le CHU rappelle qu’il a une « tradition d’hospitalité », il souhaite que cette situation, qui « ajoute de la tension à un personnel déjà très sollicité », soit résolue d’ici Noël. « En ce moment, la fréquentation des urgences est raisonnable. Mais quand arriveront les épidémies hivernales, les flux deviendront importants. On aura besoin de place. »
La préfecture cherche une solution. Mais elle dit « faire face à une saturation du dispositif d’hébergement dans la région et notamment à Nantes ». Elle affirme que le nombre de places pour demandeurs d’asile a augmenté de 600% depuis 2015, soit 4326 places supplémentaires créées. Loin de ces statistiques, certains patients fréquentant les urgences confiaient dimanche leur « émotion face à la pauvreté de ces familles ». D’autres se montraient moins indulgents, jugeant la cohabitation « inadmissible dans un hôpital ». Pour François Prochasson, l’un des porte-paroles du collectif nantais d’aide aux migrants, c’est « l’inaction de l’Etat » qui est «inadmissible». « C’est à lui de trouver des solutions. Il y a au moins deux autres familles avec enfants qui vivent dans des squats et n’ont toujours pas été prises en charge. Ça veut dire que la situation se dégrade à Nantes. »