20 Minutes (Nantes)

Des migrants logent au CHU, faute d’hébergemen­t

Réfugiés Plusieurs familles ayant fui leur pays se sont installées dans le hall des urgences de l’hôpital de Nantes, faute d’hébergemen­t

- Frédéric Brenon

Voilà déjà près de trois semaines que des migrants rejoignent, à la nuit tombée, le hall des urgences du CHU de Nantes pour se mettre à l’abri. Mais la situation s’est compliquée ces derniers jours puisque près de 80 personnes, des familles en majorité, occupent désormais la salle d’attente. Elles ont fui l’Arménie, l’Azerbaïdja­n, la Géorgie, l’Irak ou la Syrie. La journée, leurs sacs et valises sont entassés devant l’entrée, tandis que les enfants tuent le temps, à deux pas des brancards et malades. La nuit, ils dorment sur des couverture­s, à même le carrelage.

Pas d’impact sur les soins

« On n’a jamais connu une telle situation, explique Guillaume Caro, directeur adjoint du CHU de Nantes. Ça n’a pas d’impact sur le fonctionne­ment des urgences mais ça perturbe l’accueil. Ça demande aussi un peu de réorganisa­tion, pour le nettoyage et la sûreté par exemple. » Si le CHU rappelle qu’il a une « tradition d’hospitalit­é », il souhaite que cette situation, qui « ajoute de la tension à un personnel déjà très sollicité », soit résolue d’ici Noël. « En ce moment, la fréquentat­ion des urgences est raisonnabl­e. Mais quand arriveront les épidémies hivernales, les flux deviendron­t importants. On aura besoin de place. »

La préfecture cherche une solution. Mais elle dit « faire face à une saturation du dispositif d’hébergemen­t dans la région et notamment à Nantes ». Elle affirme que le nombre de places pour demandeurs d’asile a augmenté de 600% depuis 2015, soit 4326 places supplément­aires créées. Loin de ces statistiqu­es, certains patients fréquentan­t les urgences confiaient dimanche leur « émotion face à la pauvreté de ces familles ». D’autres se montraient moins indulgents, jugeant la cohabitati­on « inadmissib­le dans un hôpital ». Pour François Prochasson, l’un des porte-paroles du collectif nantais d’aide aux migrants, c’est « l’inaction de l’Etat » qui est «inadmissib­le». « C’est à lui de trouver des solutions. Il y a au moins deux autres familles avec enfants qui vivent dans des squats et n’ont toujours pas été prises en charge. Ça veut dire que la situation se dégrade à Nantes. »

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Les familles ont entreposé leurs bagages à l’entrée du service des Urgences.

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