« Pourquoi m’ont - ils harcelé ?»
Pendant cinq ans, des inconnus ont persécuté gratuitement Michel Poulain sur Twitter. Il a décidé de poursuivre ses agresseurs.
« J’ai décidé de témoigner à visage découvert, car je ne me suis jamais caché, contrairement à mes agresseurs qui, eux, ont toujours agi grâce à l’anonymat que leur procurent les réseaux sociaux, raconte Michel Poulain, victime de cyberharcèlement. Je ne suis pas comme eux. Je me sens responsable de ce que je publie, eux non. Le harcèlement a commencé sur Twitter en 2013 par quelques messages injurieux d’une personne que je ne connaissais pas, et qui s’en est pris à moi gratuitement. Des messages publics, vus et
« Un de mes harceleurs se vantait de “pourrir parfois un petit twittos pris au hasard”. »
lus par des milliers de personnes. Des insultes, des diffamations, des menaces de mort… Cette personne, que j’appellerai Johnny*, a d’abord publié des posts dans lesquels elle mentionnait mon nom, puis ensuite des messages avec des photos de moi accompagnées de commentaires insultants et de menaces de mort. Son compte Twitter a rapidement été bloqué, mais les messages ont continué, et se sont multipliés… Johnny avait une petite notoriété sur les réseaux sociaux, il était connu pour créer et lancer de fausses rumeurs. Il a même été interviewé par un grand magazine dans lequel il se vantait, selon ses propres mots, de « pourrir de temps en temps un petit twittos pris au hasard ».
En 2014, une seconde personne, Bryan*, est venue me harceler, de manière plus violente encore, et toujours sans raison. J’ai réussi à faire fermer plusieurs de leurs comptes sur Twitter, mais ça les a énervés encore plus. Le harcèlement a alors pris une nouvelle dimension. Après être tombé sur mon profil LinkedIn, Johnny a envoyé des messages des messages à l’un de mes clients pour me dénigrer et me diffamer.
Un jugement bientôt rendu
J’ai eu peur qu’un cercle vicieux se mette en place, et que d’autres personnes viennent à leur tour me harceler, l’effet de meute étant démultiplié sur les réseaux sociaux. J’ai alors décidé de porter plainte, une première fois en décembre 2014, puis une deuxième fois en septembre 2016, suivie d’une troisième plainte en juillet 2018. Après quatre longues années de procédure, une audience s’est finalement tenue au tribunal correctionnel le 25 septembre. Aucun des deux prévenus ne s’est présenté au tribunal. Ils n’ont même pas daigné envoyer leurs avocats pour tenter de se défendre. Johnny a même menacé publiquement le juge sur Twitter. J’attends aujourd’hui avec impatience le jugement, qui doit être rendu dans les prochains jours. Ce qui est le plus frustrant, c’est que je ne saurai jamais à quoi ressemblent mes bourreaux, ni pourquoi ils m’ont harcelé. Ne rien savoir de ses agresseurs, alors qu’eux, connaissent tout de vous, c’est flippant.
Il ne faut surtout pas laisser faire le harcèlement en ligne. Ceux qui continuent de suivre ces comptes et qui voient défiler chaque jour des messages insultants, sans broncher, sans se désabonner et sans les signaler, portent une part de responsabilité. »
*Les prénoms ont été changés.