« Gilets jaunes » Macron adoucit le ton, mais ne cède pas sur le fond
Le président et son n°2 ont déployé leurs efforts pour répondre à la colère des « gilets jaunes »
La contre-attaque de l’exécutif à la fronde des «gilets jaunes» a eu lieu mercredi, en deux temps. Après s’être concerté au sujet de la colère des Français, le tandem exécutif a coordonné sa réaction.
Le matin, le Premier ministre Edouard Philippe a dévoilé sur RTL des mesures pour aider les ménages à alléger leur facture énergétique. Il a notamment dégainé un élargissement du chèque énergie et une super-prime à la conversion. Des annonces qui n’ont pas été accueillies favorablement par l’opposition, à droite comme à gauche, et qui n’ont pas semblé faire désarmer les « gilets jaunes», ni infléchir l’opinion. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, plus de 7 Français sur 10 sont favorables à ces mesures, mais un peu moins de 50 % les jugent efficaces pour augmenter leur pouvoir d’achat. Une large majorité des sondés souhaite que l’exécutif abandonne la hausse de la fiscalité sur les carburants, ce que le gouvernement s’est refusé à faire.
A la mi-journée, le porte-parole du gouvernement a rapporté les propos du président lors du Conseil des ministres. Il « a appelé à respecter la colère des personnes qui participeront à ces événements (…) Et, en même temps, il faut aussi respecter ceux qui ne participent pas à ce mouvement et qui doivent pouvoir ce jour-là circuler librement », a résumé Benjamin Griveaux.
Changement sur la forme
L’interview du président, le soir, sur TF1 et LCI, est venue parachever cette journée placée sous le signe de la reprise en main par l’exécutif, malmené depuis plusieurs jours par l’opposition. Depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle, Emmanuel Macron n’a reconnu aucune erreur ni concédé d’infléchissement de son programme
de réformes. Il a dénoncé « une forme de poujadisme contemporain » et les « récupérations politiques ». Mais il a fait un mea culpa sur sa gouvernance, regrettant un échec : « Je n’ai pas réconcilié le peuple français avec ses dirigeants.» Peu après, il a admis : « Nos concitoyens attendent de la protection, de la considération et du respect. La considération, on ne l’a sans doute pas assez montrée.» Le chef de l’Etat veut désormais rectifier le tir, « écouter, et décider d’une manière différente, pas toujours à Paris, aller se confronter au terrain, beaucoup plus». Reste à voir si ces voeux se traduiront dans les méthodes de concertation et de décision du gouvernement.