20 Minutes (Nantes)

«Une collision pareille, c’est irréel!»

Route du Rhum Le skipper Sébastien Destremau a percuté un autre participan­t

- Propos recueillis par Jean Saint-Marc

Priorité à droite. La règle s’applique aussi au beau milieu de l’Atlantique. Et quand on l’enfreint, il faut remplir un constat. Ou plutôt, en l’occurrence, « un rapport de mer ». Sébastien Destremau et Ari Huusela en ont fini avec la paperasse, ce jeudi, après une collision mardi matin, à l’aube. Le skipper toulonnais, deuxième dans sa catégorie, a pu reprendre la route du Rhum après avoir passé quatre heures à réparer son bateau. Au téléphone satellite, il raconte cette « fortune de mer ».

Vous allez bien ? Et votre bateau ?

Tout va bien, fort heureuseme­nt ! Même si c’est agaçant d’avoir ce genre de mésaventur­e… C’est un phénomène incroyable, je n’avais jamais entendu parler de ça. Quelles sont les probabilit­és, quelles sont les chances d’une collision en pleine mer ? C’est irréel, inimaginab­le, cette scène où deux bateaux s’accrochent au beau milieu de l’Atlantique !

Que s’est-il passé exactement ?

Il était 6 h du matin, c’était la nuit noire. Je faisais cap vers le Sud, Ari allait vers l’Ouest. On allait se croiser mais le principe de priorité, en mer, c’est que ce sont les bateaux qui viennent de la gauche qui doivent s’écarter. Donc j’étais prioritair­e ! J’en ai profité pour relâcher un peu la pression, me reposer dans la bannette. Et d’un coup, mon bateau a été emporté, comme s’il était balayé par une vague. Je me suis retrouvé couché dans l’eau, cap à l’Ouest, le bateau complèteme­nt à plat… Ça n’a duré que quelques secondes, mais ça a suffi pour faire tourner mon bateau de quatre-vingt-dix degrés. En fait, j’ai attrapé l’arrière de son Imoca…

Avez-vous pu en discuter avec Ari Huusela ?

Il m’a appelé quelques minutes après, une fois qu’on a remis les bateaux à peu près en place. Il s’est excusé : il était à la barre, il m’a vu arriver, il pensait pouvoir passer devant… Mais la nuit, les distances sont difficiles à estimer… Et ça n’est pas passé. On a une chance phénoménal­e que ce ne soit pas dramatique, qu’il n’y ait pas de grosse casse ni de blessé.

Est-ce que cela remet en cause vos chances de l’emporter ?

J’ai perdu quatre heures pour faire des travaux, pour réparer un peu mon bateau. J’ai pu reprendre la course, pas encore à très grande vitesse, car je ne sais pas si la structure de mon bateau a souffert ou pas. Pour l’instant, ça va, ça a l’air de tenir. J’avais repris par mal de milles à Sidney Gavignet [en tête de la classe Rhum]. Là, on a été ralenti dans notre chasse à l’homme… Mais j’ai encore une semaine passionnan­te, pied au plancher, pour le rattraper. Cette collision, c’est juste un épisode, une fortune de mer ! Maintenant, j’espère qu’on va faire un beau finish, comme Gabart et Joyon. J’ai suivi ça à distance : c’était titanesque, incroyable !

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Sébastien Destremau a vécu une «mésaventur­e incroyable» mardi.

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