Les Bleus doivent se réinventer après un été étoilé
Le revers aux Pays-Bas a montré que les Bleus doivent se réinventer
Deux jours après le très mauvais match des Bleus, Didier Deschamps avait un peu abandonné l’autocritique aperçue à Rotterdam. « Il ne faut pas oublier tout ce qu’on a fait de bien, a indiqué le sélectionneur dans “Telefoot”. Je ne veux pas dramatiser. » Sauf que la France championne du monde, bâtie sur le sens du sacrifice de 12 ou 13 joueurs et le talent offensif de Mbappé et Griezmann, a vécu. Une sélection de ce statut ne peut pas continuer à jouer comme l’Atlético de Madrid, sous peine d’imploser quand l’exigence d’une grande compétition n’est plus là pour rappeler les bienfaits d’un repli défensif.
Les nouveaux doivent aller chercher leur place avec les dents.
Interrogé, dimanche en conférence de presse, sur le style de jeu des Bleus, Mbappé a un peu manié la langue de bois : «Si vous jouez une défense qui laisse des espaces, c’est mieux de jouer avec l’équipe de France. Si une équipe vous attend, c’est mieux avec le PSG. Je prends du plaisir avec les deux. » Si Deschamps voulait vérifier que personne ne bronchait dans les rangs, c’est réussi. Enfin presque. Après une question sur la colère froide du sélectionneur à la suite du match, Mbappé avait sa version : « Le coach, il envoie des messages. Peut-être qu’il a ressenti qu’on était trop détendu. » Comprendre que le garçon, et à travers lui le groupe, n’est pas convaincu que tout ça soit une simple affaire d’engagement. Les Bleus ont trop souvent été à la limite pour ne pas voir qu’ils sont arrivés au bout de la logique mondialiste. Deschamps l’a constaté aussi, mais il serait injuste de lui reprocher son attachement à des hommes et à une tactique qui l’ont porté tout en haut. Le voilà forcé de changer. Par exemple, si on enlève Benzema, un dossier classé par la FFF, Lacazette est le meilleur avantcentre « pur ». Il ne changerait pas le jeu des Bleus à lui tout seul, mais c’est un profil qui laisse entrevoir d’autres choses. Aouar ou Guendouzi, milieux créateurs prometteurs, ne feraient pas tache, non plus.
« Ce n’est pas tout de superviser l’évolution des joueurs, rétorque DD. C’est plus de voir ces joueurs-là au niveau international. Il y a des étapes à franchir.» Message subliminal : les nouveaux doivent aller chercher leur place avec les dents, car personne ne la leur donnera. On pense à Ferland Mendy, convoqué pour la première fois en Bleu. Un arrière gauche avec un pied droit pareil doit pouvoir jouer à droite tranquillement, ce qui ne ferait pas de mal à Pavard, au bord du burnout. Autre avantage, c’est une solution concrète applicable dès mardi face à l’Uruguay.