20 Minutes (Nantes)

Nos lecteurs victimes du validisme témoignent

Plusieurs lecteurs en situation de handicap témoignent des discrimina­tions qu’ils subissent

- Thomas Weill * Son prénom a été changé à sa demande.

« Il faut comprendre que le validisme est un problème de système et non d’individu. » C’est en ces termes que l’un de nos lecteurs, Cédric*, parle de la manière dont les personnes valides perçoivent son handicap. A 27 ans, Cédric est atteint d’un handicap invisible, l’autisme, ce qui lui vaut d’être discriminé, à l’instar d’autres de nos lecteurs, eux aussi en situation de handicap.

Un problème quotidien. Tita, sur Facebook, regrette que « les chauffeurs de bus s’arrêtent trop loin du trottoir, ce qui rend la montée ou la descente pour une personne handicapée (avec canne) trop difficile ! » Pour Hervé, qui souffre de daltonisme, ce qu’il appelle un « mini-handicap », le regard des autres est parfois difficile à supporter. « Ils réagissent généraleme­nt en me faisant passer pour un animal de foire. Pour les “valides”, on ne m’a pas bien appris à distinguer les couleurs. Mais, eux, ils vont m’apprendre », se désole ce lecteur.

Le regard des autres

D’autres fois, c’est l’incompréhe­nsion. « Dans les avions Easyjet, je ne vois pas le numéro des rangées. La couleur des chiffres pour moi est la même que le fond. Je me suis déjà fâché avec un steward qui ne comprenait pas que je n’arrivais pas à lire », relate Hervé. S’il parvient en général à compenser son daltonisme, ce n’est pas le cas de tout le monde. Cynthia et Jennifer, des jumelles de 28 ans, paraissent n’avoir qu’une dizaine d’années du fait d’une maladie rare. « La réaction des gens et leur regard vis-à-vis de leur handicap sont assez durs à supporter. Soit ils nous prennent pour des affabulate­urs, soit ils ont un regard condescend­ant », se désole leur père, Eric. Cédric aussi a vécu son cortège de remarques méprisante­s. « On commence toujours par minimiser mon handicap avec des remarques insultante­s pour les autres personnes autistes : “tu es autiste léger”, “tu as un beau niveau d’intelligen­ce”. Il y a aussi de la pitié et du misérabili­sme en me plaignant. Mais je ne leur ai pas demandé de souffrir pour moi ! Je vis très bien mon handicap. » Dans le milieu profession­nel, c’est parfois plus concret encore. « J’ai des difficulté­s d’interactio­n sociale, de communicat­ion et légèrement d’expression orale, précise Cédric. Un recruteur m’a dit que mes capacités en interactio­ns sociales n’étaient pas suffisante­s », après « m’avoir dit que mon dossier était le meilleur ». Mais, visiblemen­t, ça n’a pas suffi pour dépasser les préjugés.

« Les gens me font passer pour un animal de foire »

Hervé, atteint de daltonisme

 ??  ?? Un dessin de Sébastien Peters, 38 ans, membre de l’Esat Image–Arts graphiques d’Angoulême depuis 2016. Il a une déficience visuelle.
Un dessin de Sébastien Peters, 38 ans, membre de l’Esat Image–Arts graphiques d’Angoulême depuis 2016. Il a une déficience visuelle.

Newspapers in French

Newspapers from France