Capricieux, intolérants, caractériels... Les clichés qui font souffrir Acceptation
Près de 80 % des personnes en situation de handicap seraient atteintes d’un handicap invisible (selon l’Agefiph). Pourtant, on ne le sait pas toujours. Il s’en trouve peut-être parmi vos proches, au travail, voire à la maison. A cause de l’image associée au handicap, certains ne le disent pas, ou ne l’admettent pas tout à fait, y compris à eux-mêmes.
Des situations mal comprises
«J’ai mis longtemps avant de me décider à faire un dossier pour être reconnue travailleuse handicapée. C’était difficile à accepter. » Le cas d’Emma*, touchée par une atrophie musculaire après une opération et atteinte de fibromyalgie, est loin d’être isolé. Camille aussi, qui est bipolaire, cardiaque et hypersomniaque, connaît bien ce sentiment. «Je refusais que l’on me sache malade, par peur de ne pas pouvoir accéder à un emploi », se souvient-elle.
« Je préfère qu’on me juge d’abord sur mes capacités, mais je sais que j’aurai besoin d’aménagements ultérieurement» dans le cadre du travail, renchérit Cédric*, atteint d’autisme. « Il y a un décalage entre ce qui se voit physiquement et les capacités qui sont mal identifiées, souligne Ivy Daure, psychologue clinicienne, qui travaille sur la question du handicap. Souvent, les personnes qui ont un handicap invisible sont considérées comme à problèmes, intolérantes, insistantes, ou avec un mauvais caractère.» Emma atteste : « Mes collègues me voyaient plus comme capricieuse que comme quelqu’un qui souffre.» « Reconnaître le handicap devient presque une humiliation pour certains, insiste la docteure en psychologie. Une humiliation dans le regard des autres, notamment. Même si la société a évolué, ils veulent faire partie du monde des valides », et plus encore si le handicap est acquis et non inné. « La confusion identitaire est plus importante quand il s’agit d’un handicap invisible. On peut dépasser ça avec l’aide de professionnels. L’entourage aussi peut jouer un rôle en se montrant compréhensif et sensible à cette question», rappelle Ivy Daure. Mais la première étape reste l’acceptation.
* Les prénoms ont été changés.
Le dessin est d’Erika, 22 ans, de l’Esat Image Arts graphiques depuis 2012. Elle est sourde.