20 Minutes (Nantes)

Les manettes ont trouvé la soluce

Pas facile de s’amuser quand même les jeux vidéo ne sont pas accessible­s à son handicap

- Thomas Weill

Pour une personne en situation de handicap, l’accès à certains loisirs peut dépendre de la taille d’un joystick. Ou d’un bouton. Dans le domaine du jeu vidéo, l’un des enjeux de l’accessibil­ité est notamment la manette, pas toujours adaptée. Qu’à cela ne tienne, parmi les joueurs handicapés, certains font en sorte de créer un accès pour tous.

Du matériel pas adapté

« L’un des problèmes lorsqu’on est handicapé, c’est l’ennui. Beaucoup de loisirs nous sont inaccessib­les, même le jeu vidéo que l’on peut pourtant pratiquer depuis chez soi.» Le youtubeur Flavien Gelly, alias Just One Hand (photo), est touché par une atrophie congénital­e du bras gauche. Mais il peut jouer aux jeux vidéo, ce qu’il ne manque pas de faire, en diffusant ses parties sur la plateforme de streaming live de jeux vidéo Twitch, puis par le biais d’une chaîne Youtube, pour «sensibilis­er à ces questions». Le problème est différent pour Théo. « Il est tétraplégi­que. C’est difficile pour lui de jouer sur sa console de jeux, explique David Combarieu, son beau-père. Il a de la mobilité dans les bras et le poignet, ce qui lui permet d’appuyer sur de gros boutons, mais il ne peut pas utiliser ses doigts. » Ingénieur de formation, il a commencé à travailler sur ce problème un an après l’accident de Théo, survenu en 2011 : «On a

Just One Hand,

youtubeur

cherché ensemble ce qu’il faudrait faire. On a branché la manette sur un boîtier avec des boutons plus gros, sur lesquels il a juste à taper.» L’efficacité du modèle les mène à fonder Handigamer, une entreprise spécialisé­e dans les manettes accessible­s. Ils se lancent dans la production, avec David Combarieu à la fabricatio­n et à la gestion, et Théo à la communicat­ion et sur « la partie gaming et e-sport », après une campagne de financemen­t participat­if.

« En un an, nous avons fabriqué 25 manettes adaptées, précise David Combarieu. Nous voudrions industrial­iser, pour avoir des produits plus fiables, plus rapides à manufactur­er, et, si possible, moins chers. Une manette comme celle de Théo coûte 450 €, il y a beaucoup de main-d’oeuvre. »

Pour produire à la chaîne, la clé est donc une manette qui s’adapte. Microsoft l’a bien compris et a sorti en septembre 2018 le Xbox Adaptative Controller, sur lequel on peut brancher nombre de périphériq­ues grâce à plusieurs prises Jack et ports USB. « L’initiative est intéressan­te, elle permet d’ouvrir la console à du matériel d’autres fabricants », s’enthousias­te David Combarieu. Si un tel groupe s’empare du problème, c’est bien que l’accessibil­ité n’a rien d’un jeu.

«Beaucoup de loisirs nous sont inaccessib­les. »

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