20 Minutes (Nantes)

L’éducation entre en applicatio­ns

L’ingénieure Jennifer Carmichael est spécialisé­e dans l’usage du numérique à visée éducative

- Thomas Weill

Avec son master en sciences cognitives appliquées, elle fait partie des 24 % de personnes en situation de handicap en emploi à avoir un niveau d’études égal ou supérieur au bac. Et elle ne souhaite pas s’arrêter là. A 32 ans, Jennifer Carmichael, infirme moteur cérébrale, est ingénieure pédagogiqu­e ; elle travaille sur de nouvelles façons d’enseigner. Son dada : l’e-learning et la manière dont le numérique rend l’éducation plus accessible aux personnes handicapée­s. Elle avait envisagé au départ une carrière en psychologi­e ou dans l’architectu­re. Aujourd’hui, elle est catégoriqu­e : « J’aime beaucoup l’éducation, c’est avec ça que l’on peut évoluer et faire évoluer les autres.» Ingénieure pédagogiqu­e à l’université Paris Descartes, elle développai­t «l’usage d’e-learning pour rendre les cours plus actifs ». Jennifer Carmichael décide de suivre un diplôme universita­ire à l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseigneme­nts adaptés (INSHEA). Son but, se spécialise­r dans les troubles spécifique­s du langage et des apprentiss­ages.

Elle y trouve ensuite un emploi, en tant qu’ingénieure pour l’accessibil­ité et l’ergonomie des outils numériques. Jennifer Carmichael réalise un travail de veille sur les nouveaux outils d’enseigneme­nt et mène des «recherches sur le bon usage du numérique éducatif». Surtout, la jeune femme analyse des applicatio­ns ou des logiciels. Objectif, évaluer à quel degré ces programmes permettent de faciliter l’intégratio­n des élèves à besoins éducatifs particulie­rs.

«J’aime beaucoup l’éducation, c’est avec ça que l’on peut évoluer et faire évoluer les autres. »

« On essaie souvent de trouver des applicatio­ns aux technologi­es, mais on prend le problème à l’envers. Je pars de l’humain, et cherche s’il y a des technologi­es intéressan­tes pour répondre à ses besoins.» Cette approche lui permet d’identifier un risque pervers : « Celui de revenir à l’époque où les personnes handicapée­s étaient cachées. Le numérique doit faciliter l’échange, le contact humain, pas permettre de l’éviter.» Afin de pousser plus avant son travail d’approfondi­ssement, la jeune femme voudrait se lancer dans la recherche, notamment pour étudier les stéréotype­s dont souffrent les personnes en situation de handicap. «Pour moi, la recherche, c’est réfléchir à un idéal. On essaie de mieux comprendre le monde. » Et peut-être aussi de le faire avancer.

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Jennifer Carmichael travaille sur l’accessibil­ité des outils numériques.

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