L’éducation entre en applications
L’ingénieure Jennifer Carmichael est spécialisée dans l’usage du numérique à visée éducative
Avec son master en sciences cognitives appliquées, elle fait partie des 24 % de personnes en situation de handicap en emploi à avoir un niveau d’études égal ou supérieur au bac. Et elle ne souhaite pas s’arrêter là. A 32 ans, Jennifer Carmichael, infirme moteur cérébrale, est ingénieure pédagogique ; elle travaille sur de nouvelles façons d’enseigner. Son dada : l’e-learning et la manière dont le numérique rend l’éducation plus accessible aux personnes handicapées. Elle avait envisagé au départ une carrière en psychologie ou dans l’architecture. Aujourd’hui, elle est catégorique : « J’aime beaucoup l’éducation, c’est avec ça que l’on peut évoluer et faire évoluer les autres.» Ingénieure pédagogique à l’université Paris Descartes, elle développait «l’usage d’e-learning pour rendre les cours plus actifs ». Jennifer Carmichael décide de suivre un diplôme universitaire à l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA). Son but, se spécialiser dans les troubles spécifiques du langage et des apprentissages.
Elle y trouve ensuite un emploi, en tant qu’ingénieure pour l’accessibilité et l’ergonomie des outils numériques. Jennifer Carmichael réalise un travail de veille sur les nouveaux outils d’enseignement et mène des «recherches sur le bon usage du numérique éducatif». Surtout, la jeune femme analyse des applications ou des logiciels. Objectif, évaluer à quel degré ces programmes permettent de faciliter l’intégration des élèves à besoins éducatifs particuliers.
«J’aime beaucoup l’éducation, c’est avec ça que l’on peut évoluer et faire évoluer les autres. »
« On essaie souvent de trouver des applications aux technologies, mais on prend le problème à l’envers. Je pars de l’humain, et cherche s’il y a des technologies intéressantes pour répondre à ses besoins.» Cette approche lui permet d’identifier un risque pervers : « Celui de revenir à l’époque où les personnes handicapées étaient cachées. Le numérique doit faciliter l’échange, le contact humain, pas permettre de l’éviter.» Afin de pousser plus avant son travail d’approfondissement, la jeune femme voudrait se lancer dans la recherche, notamment pour étudier les stéréotypes dont souffrent les personnes en situation de handicap. «Pour moi, la recherche, c’est réfléchir à un idéal. On essaie de mieux comprendre le monde. » Et peut-être aussi de le faire avancer.