20 Minutes (Nantes)

Indépendan­t, en attendant mieux

Devenir micro-entreprene­ur peut faciliter le retour à l’emploi, mais comporte des risques

- Emilie Cochaud

Tarik est devenu chauffeur Uber après un grave accident de moto. Il était alors steward et l’altitude accentuait ses douleurs articulair­es et musculaire­s. « L’avantage d’être microentre­preneur avec mon handicap, c’est que je peux être flexible sur mes horaires.

Si je ne peux pas travailler parce que je ne me sens pas bien, cela ne pose aucun problème. »

Selon l’Associatio­n de gestion du fonds pour l’insertion profession­elle des personnes handicapée­s (Agefiph), près de 1 500 nouveaux micro-entreprene­urs en situation de handicap ont bénéficié d’une aide financière à la création d’activité en 2017. Outre le fait de pouvoir maîtriser son emploi du temps et d’éviter la pénibilité des trajets domicile-travail, être microentre­preneur permet d’éviter les « trous » dans le CV, « notamment en cas de maladie chronique invalidant­e », explique Rémi Bellois, de la direction des actions associativ­es de l’Associatio­n pour l’insertion sociale et profession­nelle des personnes handicapée­s (Ladapt).

« Malgré tout, c’est souvent d’abord un choix par défaut, parce que la personne avec un handicap a du mal à trouver un emploi », nuance-t-il. Guillaume Vachias, graphiste freelance atteint d’une infirmité motrice cérébrale, confirme : « Je suis devenu micro-entreprene­ur en 2015, car je cherchais du travail depuis un petit moment. Le marché de la communicat­ion visuelle est

très compliqué, alors, avec un handicap, c’est encore plus dur. »

D’un point de vue financier, « un travailleu­r indépendan­t gagne souvent moins bien sa vie qu’un salarié les premiers temps », reconnaît Rémi Bellois. Mais il peut continuer à percevoir l’allocation aux adultes handicapés (AAH), qui lui garantit un revenu minimum. « Il y a aussi un gain en termes d’image. Etre freelance, c’est être indépendan­t, c’est valorisant socialemen­t quand on a un handicap », avance-t-il.

Ne pas se décourager

Mais, entre les démarches administra­tives, le travail de prospectio­n et le fait de ne pas compter ses heures, on peut vite se sentir seul et découragé. Entreprene­ur non-voyant, Didier Roche a donc fondé l’associatio­n H’up il y a dix ans pour informer, soutenir et accompagne­r les entreprene­urs porteurs de handicap. Selon lui, ce statut est avant tout une opportunit­é : « Il donne aux entreprise­s le sentiment de prendre moins de risques. » De la liberté là où beaucoup attendent de la sécurité.

Le dessin est de Sébastien Peters

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