Sophie Cluzel : « Arrêtons d’opposer les valides et les personnes handicapées »
Pour la secrétaire d’Etat Sophie Cluzel, le terme «validisme» pose problème
Depuis le 17 mai 2017, Sophie Cluzel est la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, rattachée au Premier ministre, Edouard Philippe.
Que fait l’Etat pour lutter contre le validisme (lire p.2) ?
C’est un mot que je ne connais pas et qui, à mon sens, n’a pas lieu d’être. Arrêtons d’opposer les valides et les personnes handicapées. Ça ne fait que cristalliser les dysfonctionnements. Le souhait des personnes handicapées est d’avoir une vie la plus ordinaire possible. Nous devons penser en conception universelle pour donner de la place à tout le monde, sans opposer les intérêts des uns et des autres. L’environnement de travail doit être inclusif. Ce n’est pas aux personnes handicapées de s’adapter systématiquement, mais à l’entreprise.
A partir de 2020, seuls les emplois directs seront pris en compte dans le calcul de la part de travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés (obligation d’au moins 6 %). Pourquoi ?
Cela nous permettra de savoir précisément où travaillent les personnes handicapées. Facialement, le taux d’emploi [3,4 % dans le secteur privé] va baisser, mais l’important est que nous aurons enfin une vision plus claire de qui emploie ces personnes.
Comment simplifier le service public de l’emploi à destination des travailleurs handicapés ?
Nous devons nous appuyer sur les services de droit commun existants et mieux flécher les parcours. Par exemple, pour un demandeur d’emploi en situation de handicap, Pôle emploi devra travailler avec des partenaires du monde médico-social et/ou associatif pour optimiser le retour à l’emploi. Pour les jeunes handicapés, le point d’entrée serait les missions locales.
Quid du renouvellement périodique de reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH) ?
Devoir prouver son handicap tous les trois ou cinq ans relève de la maltraitance administrative. Pour les handicaps stabilisés, la RQTH est désormais acquise à vie, car 99 % d’entre elles étaient renouvelées à l’identique. Cela va donc simplifier la vie de ces personnes handicapées. Et permettre aux agents des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) de disposer de davantage de temps pour assurer un accompagnement et des conseils à forte valeur ajoutée.
Seuls 1,2 % des apprentis sont en situation de handicap. Comment inciter les personnes handicapées à se former en apprentissage ?
Il y aura désormais un référent handicap dans tous les centres de formation d’apprentis (CFA). Son rôle sera d’informer et conseiller les employeurs, mais aussi le public handicapé sur la faisabilité d’un parcours en alternance. L’Etat va prendre en charge le surcoût inhérent à cette problématique.
«Ce n’est pas aux personnes handicapées de s’adapter systématiquement. »