20 Minutes (Nantes)

Le numérique, une solution pour l’éducation des personnes handicapée­s

Au collège Gérard-Philipe de Paris, les élèves autistes bénéficien­t d’une classe adaptée (Ulis) en plus des cours classiques

- Thomas Weill

Cinq adultes pour neuf enfants. Une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) ne fonctionne jamais totalement comme une classe convention­nelle. Pour la cinquième année, Cécilia Bournas est la coordinatr­ice de celle du collège Gérard-Philipe, dans le 18e arrondisse­ment de Paris. Au quotidien, elle s’occupe d’élèves atteints de troubles envahissan­ts du développem­ent (TED), c’est-àdire d’autisme. Son combat, c’est l’inclusion.

« L’Ulis est un espace de travail. Le matin, on arrive et on se met en route. Les élèves travaillen­t 20 ou 25 minutes, avec une minuterie.» Les neuf collégiens auraient des difficulté­s à se concentrer plus longtemps. Ils ont besoin d’un suivi personnali­sé, et des accompagna­nts des élèves en situation de handicap (AESH) sont présents à la fois pour assister Cécilia Bournas et pour s’occuper des adolescent­s.

Ne pas forcer les choses

Si les élèves ont l’âge d’être au collège, certains ont un niveau scolaire insuffisan­t pour suivre les cours classiques. Barry, par exemple, qui préfère travailler dans un box à l’écart avec un casque antibruit sur les oreilles, n’est pas toujours à l’aise en géométrie. Mais il parvient à suivre un nombre impression­nant de cours en dehors de l’Ulis. Car il s’agit bien là de l’objectif : l’inclusion. « Je les évalue en début d’année », afin de savoir si un élève de l’Ulis pourra suivre un cours convention­nel, précise Cécilia Bournas.

« On ne met pas la barre trop haut, mais, pour certains, c’est intéressan­t d’être dans un groupe classe, même s’ils n’arrivent pas à acquérir toutes les compétence­s, ajoute la coordinatr­ice. Ils apprennent aussi la posture de l’élève.» Pour Barry, en 6e, le volet social semble bien développé. « J’ai beaucoup de copains, j’en ai un milliard ! Ils m’aident un peu et, après, c’est moi qui fais.» En plus des classes d’histoire–géographie, le jeune garçon suit des cours de sciences et d’anglais hors de l’Ulis.

Une récréation éducative

« Mes copains m’aident un peu et, après, c’est moi qui fais.»

Barry, élève autiste de 6e

«Je fais un cours classique et je vais leur expliquer un peu plus si besoin, en français plutôt, explique Youssouf Chanfi, le professeur d’anglais de Barry et d’un autre élève de l’Ulis. En classe, je les sollicite beaucoup pour de la répétition. C’est quelque chose qu’ils savent très bien faire.» Parfois mieux que d’autres. « Les enfants sont bienveilla­nts avec eux, ils les laissent tranquille­s.» Il faut dire qu’en début d’année, Cécilia Bournas « passe dans toutes les classes de 6e pour leur faire voir des vidéos sur l’autisme et répondre aux questions des élèves». Heureuseme­nt, car se mêler aux autres peut «représente­r beaucoup de fatigue d’un point de vue social», souligne Cécilia Bournas. C’est pourquoi, après la vingtaine de minutes de cours, les enfants de l’Ulis disposent d’un temps libre pour faire ce qu’ils veulent : instrument­s de musique, tablettes avec jeux pédagogiqu­es, ordinateur­s, ils ont le choix. C’est ça leur vraie récréation, et la clé d’une bonne inclusion.

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 ??  ?? Une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) accompagne les enfants autistes qui suivent des cursus aménagés, du collège au lycée.
Une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) accompagne les enfants autistes qui suivent des cursus aménagés, du collège au lycée.
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