20 Minutes (Nantes)

« Personne ne s’occupe de nous »

Après l’effondreme­nt d’immeubles, de nombreux sinistrés se sentent abandonnés, malgré l’ouverture, lundi, d’un espace d’accueil par la mairie.

- A Marseille, Adrien Max

Cette famille avec trois enfants, dont un nourrisson d’un mois, qui avait passé une première nuit dans une sorte de squat sans fenêtres, puis quatre autres à l’hôtel, a fini par se retrouver sans plus aucune solution d’hébergemen­t. On peut comprendre la hâte avec laquelle elle a franchi le seuil de l’Espace d’accueil des personnes évacuées, dès son ouverture lundi, rue Beauvau à Marseille. Depuis l’effondreme­nt tragique d’immeubles insalubres (huit habitants ont perdu la vie) il y a deux semaines, 1 105 Marseillai­s ont été évacués de 142 immeubles présentant des risques pour leur sécurité. Et 857 personnes ont été prises en charge par la mairie pour un relogement. Mais il ne s’agit que de relogement temporaire.

« On n’y croit plus, se désole Rahid Serdouk, évacué du 91, boulevard de Strasbourg, mardi dernier. On nous a conduits à l’hôtel comme des touristes et, depuis, personne ne prend de nos nouvelles, personne ne s’occupe de nous. » Une navette a bien été mise en place pour venir les chercher depuis l’hôtel jusqu’à un « restaurant », mis en place par la mairie. Mais, « plutôt que de payer [c]es navettes, qu’ils nous fassent venir à pied et qu’ils nous servent des repas chauds », suggère Rahid Serdouk, qui se sent trahi par la mairie et l’Etat. L’ouverture du centre d’accueil, censé simplifier les démarches, ne semble pas lui redonner espoir. « Ils ont pris mes coordonnée­s, mais on ne sait pas combien de temps il faut attendre, et encore moins ce qu’ils vont nous proposer à la fin, reprend cet homme. Je dois recevoir mes enfants une semaine sur deux, je leur dis quoi ? Que je suis SDF ? Je suis déjà traumatisé personnell­ement, je ne vais pas, en plus, traumatise­r mes enfants. »

Sa voisine ne décolère pas non plus. « Je suis enceinte, je n’ai pas pu partir avec mes papiers et personne n’a mis en place un moyen d’aller rechercher quelques affaires. J’ai dû consulter mon gynécologu­e à cause du stress et j’ai payé 75 €, car je n’avais ni carte vitale ni pièce d’identité. »

« On ne sait pas combien de temps il faudra attendre, et ce qu’ils proposeron­t. » Rahid Serdouk, évacué depuis une semaine

 ??  ??
 ??  ?? En deux semaines, 1105 Marseillai­s ont été évacués de 142 immeubles présentant des risques pour leur sécurité.
En deux semaines, 1105 Marseillai­s ont été évacués de 142 immeubles présentant des risques pour leur sécurité.

Newspapers in French

Newspapers from France