Le conflit dégénère à La Réunion
A 9000 km de la métropole, à La Réunion, une île où 42% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où le chômage culmine à 33%, la dénonciation de la hausse des prix des carburants et, plus globalement, du coût de la vie, rencontre une très forte adhésion.
Dès samedi, les «gilets jaunes» ont bloqué plusieurs axes routiers stratégiques dans un département où règne le tout-automobile. Début 2016, selon les chiffres de la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de La Réunion, le parc de voitures particulières de moins de seize ans était estimé à 341500, pour une population de 865826 habitants. Lundi, pas moins de 31 barrages étaient encore en place, a recensé la Direction régionale des routes. Et ce, dans une situation très tendue. Jets de pierre, commerces incendiés et pillés, tentative d’intrusion musclée au conseil régional, écoles fermées, vols d’avions vers la métropole ou la zone océan Indien retardés, réquisition de stations-service, journaux ne paraissant pas en raison des routes bloquées... En trois jours de mobilisation, six membres des forces de l’ordre ont été blessés et 51 personnes ont été interpellées. Face à « une situation cauchemardesque », l’Unsa Police a réclamé l’envoi de renforts depuis Mayotte pour rétablir l’ordre. Ce qu’a confirmé la ministre des Outre-Mer, qui a lancé un «appel au calme» et à la «responsabilité» de chacun».