Le fabuleux destin de la révélation Moutoussamy
La trajectoire du Canari, qui sera titulaire ce vendredi à Saint-Etienne, est loin d’être linéaire
« Samuel, c’est mon petit… » Sébastien Oger, recruteur nantais, ne dissimule pas sa fierté. C’est lui qui a signalé Samuel Moutoussamy au FCN il y a presque dix ans déjà. Le « petit » baguenaudait sur les terrains de l’INF Clairefontaine. En 2015, c’est toujours lui qui a incité Nantes à récupérer le milieu de terrain, natif de région parisienne, non conservé par l’Olympique Lyonnais. Après cinq ans passés à Tola-Vologe, l’histoire s’est arrêtée en 2016. Tandis que de nombreux clubs étaient à l’affût, comme Angers, Nantes l’a pris à l’essai trois jours.
Trop gentil?
« Polyvalent, très actif, état d’esprit irréprochable, il ne calculait pas ses efforts. » Samuel Fenillat, directeur du centre de formation du FCN, et son équipe n’hésitent pas un instant. Moutoussamy signe un contrat pro d’une année. Il passera celle-ci en réserve. Jusqu’à l’arrivée de Ranieri en 2017 sur le banc nantais et le stage de présaison effectuée avec le groupe pro à Annecy. Le 12 août, la Beaujoire découvre alors sa grande tignasse lors d’un Nantes-Marseille (0-1). Même s’il n’est titulaire qu’à quatre reprises, il est intégré vraiment à l’équipe pro. Et le restera même avec Cardoso, arrivé cet été, qui tombe aussi sous le charme. Son sourire toujours en bandoulière, Moutoussamy, c’est le joueur « exemplaire, irréprochable », selon Fenillat. Trop gentil même ? On lui reprocherait presque de ne pas être assez individualiste. Sébastien Oger : « Je lui dis souvent d’être plus égoïste. Ah, c’est certain, lui, il n’a pas le boulard. » Moutoussamy est hermétique à sa popularité grandissante. «Personne n’aurait à le remettre en place, même s’il devenait champion du monde », poursuit le recruteur. Déjà à l’OL, où l’intéressé est arrivé à 15 ans, Moutoussamy faisait l’unanimité. « C’était le moteur de notre équipe, se souvient Armand Garrido, son entraîneur en U17 nationaux. C’est-à-dire un milieu relayeur qui travaillait et même se sacrifiait avant tout pour l’équipe, avec une grosse générosité. » Délice pour un entraîneur, Moutoussamy n’ennuie pas non plus son agent. Issu d’un milieu d’intellectuels [ses parents sont juristes], le joueur ne fera jamais d’esclandres. « Samuel part du principe que son travail va toujours finir par payer un jour, avoue Philippe Lamboley, son agent. » Ce jour est peut-être arrivé pour de bon.