« On ne bloque pas l’économie, donc on n’intéresse pas »
Inquiets pour leur avenir, les lycéens craignent de ne pas être écoutés
Si certains établissements ont connu un retour au calme, plusieurs lycées de l’agglomération nantaise étaient à nouveau perturbés mardi par des blocages d’élèves mobilisés « contre le dispositif Parcoursup » ou « contre la réforme du baccalauréat ». Au lycée des Bourdonnières, après un face-à-face matinal tendu avec les forces de l’ordre, des groupes de lycéens ont passé la journée devant les barricades constituées de poubelles et éléments de chantier. Pour tuer le temps, ils commentent l’actualité, notamment l’intervention du président de la République lundi soir. « Macron n’a absolument pas parlé des jeunes, s’indigne Mewen, en terminale S. Il y a 450 lycées mobilisés un peu partout en France et on leur tourne le dos. C’est lamentable. » « On ne rapporte pas d’argent, on ne bloque pas l’économie. Donc on n’intéresse pas. Ça me met encore plus en colère », regrette Lilou, en terminale L. « On ne surfe pas sur le mouvement “gilets jaunes”, assure Noé, tout juste 18 ans. Ce qui s’exprime dans les lycées traduit une peur de l’avenir et un sentiment de ne pas être considérés. Ça faisait des années que ça couvait. »
Ces lycéens reprochent à Parcoursup son « système de sélection et les réponses tardives » ; à la réforme du bac, son «contrôle continu organisé par les établissements » et le « risque d’un diplôme qui n’aura pas la même valeur si l’on vient d’un lycée réputé ou pas ». Ils s’inquiètent aussi des choix d’orientation qui, « dès la seconde, n’ont pour but que de former
aux filières d’enseignement supérieur ». « On ressent beaucoup de pression sur les épaules, résume Lilou. On nous demande de choisir vite, de penser aux formations où il y a de l’emploi, alors qu’on ne sait même pas quel métier on veut faire. Ça n’a pas de sens. » « On n’a jamais vu autant de monde dans les salons d’orientation, c’est bien qu’il y a un problème à ce niveau-là dans les lycées », ajoute un camarade. « Il faudrait des programmes plus souples, plus personnalisés, suggère Mewen. Ça devrait être à l’Education nationale de s’adapter aux élèves, pas l’inverse. » Dans l’après-midi, près de 200 lycéens et étudiants ont manifesté en centre-ville de Nantes, dans le calme.
«On ne profite pas des “gilets jaunes”. Ça fait des années que ça couvait. »
Noé, 18 ans, en terminale