20 Minutes (Nantes)

« On ne bloque pas l’économie, donc on n’intéresse pas »

Inquiets pour leur avenir, les lycéens craignent de ne pas être écoutés

- Frédéric Brenon

Si certains établissem­ents ont connu un retour au calme, plusieurs lycées de l’agglomérat­ion nantaise étaient à nouveau perturbés mardi par des blocages d’élèves mobilisés « contre le dispositif Parcoursup » ou « contre la réforme du baccalauré­at ». Au lycée des Bourdonniè­res, après un face-à-face matinal tendu avec les forces de l’ordre, des groupes de lycéens ont passé la journée devant les barricades constituée­s de poubelles et éléments de chantier. Pour tuer le temps, ils commentent l’actualité, notamment l’interventi­on du président de la République lundi soir. « Macron n’a absolument pas parlé des jeunes, s’indigne Mewen, en terminale S. Il y a 450 lycées mobilisés un peu partout en France et on leur tourne le dos. C’est lamentable. » « On ne rapporte pas d’argent, on ne bloque pas l’économie. Donc on n’intéresse pas. Ça me met encore plus en colère », regrette Lilou, en terminale L. « On ne surfe pas sur le mouvement “gilets jaunes”, assure Noé, tout juste 18 ans. Ce qui s’exprime dans les lycées traduit une peur de l’avenir et un sentiment de ne pas être considérés. Ça faisait des années que ça couvait. »

Ces lycéens reprochent à Parcoursup son « système de sélection et les réponses tardives » ; à la réforme du bac, son «contrôle continu organisé par les établissem­ents » et le « risque d’un diplôme qui n’aura pas la même valeur si l’on vient d’un lycée réputé ou pas ». Ils s’inquiètent aussi des choix d’orientatio­n qui, « dès la seconde, n’ont pour but que de former

aux filières d’enseigneme­nt supérieur ». « On ressent beaucoup de pression sur les épaules, résume Lilou. On nous demande de choisir vite, de penser aux formations où il y a de l’emploi, alors qu’on ne sait même pas quel métier on veut faire. Ça n’a pas de sens. » « On n’a jamais vu autant de monde dans les salons d’orientatio­n, c’est bien qu’il y a un problème à ce niveau-là dans les lycées », ajoute un camarade. « Il faudrait des programmes plus souples, plus personnali­sés, suggère Mewen. Ça devrait être à l’Education nationale de s’adapter aux élèves, pas l’inverse. » Dans l’après-midi, près de 200 lycéens et étudiants ont manifesté en centre-ville de Nantes, dans le calme.

«On ne profite pas des “gilets jaunes”. Ça fait des années que ça couvait. »

Noé, 18 ans, en terminale

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Devant l’entrée principale du lycée des Bourdonniè­res mardi matin.

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