20 Minutes (Nantes)

Un cauchemar les yeux ouverts

Drame «Utøya, 22 juillet» met en scène l’attentat d’Anders Breivik, commis en Norvège en 2011, en adoptant le point de vue des victimes

- Caroline Vié

Le 22 juillet 2011, sur l’île d’Utøya en Norvège, un homme ouvrait le feu sur des jeunes militants de la Ligue des jeunes travaillis­tes, principal parti de gauche norvégien. Utøya, 22 juillet revient sur ce drame qui a coûté la vie à 69 personnes en juillet 2011, en adoptant le point de vue des victimes du terroriste et en livrant un suspense d’autant plus puissant qu’il est fondé sur la réalité. «Comme tous les Norvégiens, j’ai été traumatisé par les attentats commis par Anders Breivik, que ce soit au Parlement norvégien ou à Utøya, raconte le cinéaste Erik Poppe à 20 Minutes.

Ce n’est pourtant pas le terroriste luimême qui m’intéressai­t : je pensais surtout à ses victimes.» Le réalisateu­r laisse de côté le ton décalé de Refroidis, qu’il a produit, pour raconter le calvaire sur l’île d’une jeune militante et de ses camarades. « Le choix de réaliser le film en un seul plan séquence s’est tout de suite imposé à moi pour partager sa peur », reconnaît-il. « On a beaucoup entendu le coupable et pas assez pensé à ceux, morts ou survivants, qui ont croisé sa route», insiste le cinéaste qui a préféré montrer ce qu’ont vécu ces jeunes gens confrontés à la peur. « J’ai rencontré des survivants qui ont placé leur confiance en moi, explique-t-il. Je n’aurais jamais fait le film sans leur collaborat­ion. » C’est en se fondant sur leurs témoignage­s qu’il a reconstitu­é minutieuse­ment les faits.

« Je ne montre jamais Breivik que comme une menace pouvant surgir de n’importe où, insiste Erik Poppe. L’horreur que représente le terrorisme n’a pas de visage. » Le film insiste sur le chaos qui règne sur l’île où l’homme, déguisé en policier, poursuit son périple macabre. « Les jeunes ne comprenaie­nt pas ce qui se passait, si ce n’est qu’ils couraient un danger mortel. » C’est le cas de son héroïne fictive (jouée par Andrea Berntzen), composite de plusieurs adolescent­s qui sont venus le conseiller pendant le tournage sur l’île. « Ils ont été très courageux d’accepter de revivre tout cela, reconnaît le cinéaste. Ils estimaient que c’était une façon de rendre hommage à leurs camarades disparus. » Erik Poppe a aussi obtenu l’accord des proches des victimes décédées. « Tous ont été très généreux en comprenant que j’agissais avec un respect total pour leur chagrin, précise-t-il. J’aimerais donner à réfléchir sur cette violence qu’aucune idéologie ne peut justifier. » Utøya, 22 juillet immerge le spectateur dans un cauchemar intense, éprouvant pour les nerfs et dont on met longtemps à se remettre.

«Je n’aurais jamais fait le film sans la collaborat­ion des survivants.»

Erik Poppe, cinéaste

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Andrea Berntzen incarne une jeune militante fictive, sur l’île d’Utøya.

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