Elle a fait tomber «le dentiste de l’horreur»
Nicole Martin est celle grâce à qui «le dentiste de l’horreur », qui mutilait ses patients, est tombé
«La première fois que je suis allée chez Jacobus Van Nierop, c’était en février 2011, à Château-Chinon [Nièvre], se souvient Nicole Martin, qui s’est confiée à 20 Minutes dans le cadre de sa série sur les lanceurs d’alerte. J’avais perdu un plombage, et mon dentiste habituel était en vacances. J’ai eu un rendez-vous pour le lendemain matin. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. On n’a jamais un rendez-vous aussi rapidement. Van Nierop était assez impressionnant, genre rugbyman. Tout avait l’air relativement moderne dans le cabinet. Il m’a dit : “Petite piqûre.” J’étais assez surprise, car, pour un plombage, on ne fait pas de piqûre. En partant, il m’a dit de revenir le lendemain. Puis, le lendemain, il m’a donné un autre rendez-vous. J’avais l’impression que rien n’allait. J’ai commencé à me demander si mon ancien dentiste avait vraiment bien fait son travail. Ou si, avec l’âge, l’ostéoporose avait fragilisé mes dents, qui se déchaussaient plus facilement. J’avais aussi de nombreux remboursements de la Sécurité sociale. Je me suis donc mise à éplucher tous mes relevés MGEN. J’ai découvert que, lors de mon premier rendez-vous, Van Nierop avait compté 14 soins! J’ai fini par retourner voir mon ancien dentiste, qui s’est aperçu, en m’auscultant, que 80% des actes médicaux que ma mutuelle avait pris en charge n’avaient pas été réalisés.
Quelques semaines plus tard, j’ai demandé à une ancienne élève, qui travaillait dans le cabinet de Van Nierop, si j’étais la seule à avoir un problème avec lui. Elle m’a répondu que non… Je me suis dit : “Ce gars-là, il faut qu’on l’arrête!” Il pillait nos mutuelles et mutilait des gens, des personnes âgées, sans défense, dans un milieu rural où se faire soigner était déjà compliqué.
A la gendarmerie, on m’a conseillé de créer une association de victimes, car je ne pourrais rien, seule, contre le monde médical. J’ai ensuite rencontré la procureure de la Nièvre, qui venait d’arriver. Peu de temps après, Van Nierop a été mis en examen.
Tentatives de déstabilisation
Je n’ai pas été très tendre avec certains politiques. Mais ils étaient tellement persuadés que je racontais n’importe quoi! Dans les locaux de la Sécurité sociale, le président du conseil d’administration m’a dit : “Voyons, vous faites une caricature de cet homme-là.” Les personnes que l’on avait en face de nous essayaient, à chaque fois, de nous déstabiliser, de faire en sorte que l’on s’excuse. Il a fallu deux ans et demi pour réussir à tout mettre en branle. Quand Van Nierop a été condamné*, ça a été un soulagement. Aujourd’hui, on me voit comme celle qui a fait tomber le notable du village. Mais j’appréhende beaucoup le monde médical. Je n’avais jamais pensé qu’on pouvait truander comme ça.»
* Jacobus Van Nierop a été condamné en 2016 à huit ans de prison ferme pour violences volontaires et escroqueries à l’assurance, notamment. Il purge sa peine aux Pays-Bas. Lors du procès, une centaine de victimes s’étaient constituées partie civile.