Mogi, Mogi, et vos idées ont du génie?
L’agent franco-iranien, Mogi Bayat, très actif en Belgique, est considéré comme le directeur sportif officieux du FC Nantes
«Je préfère rester anonyme.» Enquêter sur l’agent Mogi Bayat semble presque relever du secret défense. Dans cet univers d’agents, le Franco-Iranien fascine, inquiète, génère des jalousies, de la suspicion et même des fantasmes. En attendant, à Nantes, le bonhomme de 45 ans occupe une place centrale dans la gestion du recrutement du FCN depuis plusieurs mercatos. Pourquoi Waldemar Kita a décidé de s’appuyer sur cet homme, dont la réputation sulfureuse dépasse désormais les frontières belges ?
Le Franco-Iranien a une licence d’agent belge. «Il a une équivalence allouée jusqu’à fin avril pour exercer en France », précise Stéphane Canard, président de l’Union des agents sportifs du football. Depuis janvier 2016 et l’arrivée de Guillaume Gillet, dont il est le représentant, Bayat travaille avec la famille Kita. Pour les départs et arrivées de joueurs, il a été mandaté par le FCN dans tous les dossiers, sauf celui d’Abeid. Et, récemment, il est devenu l’agent de l’une des plus grandes valeurs marchandes du club, Imran Louza.
Un journaliste belge
« Sa situation personnelle jette un peu le trouble sur le club », regrette un salarié. Fin 2018, Mogi Bayat a été inculpé de blanchiment et de participation à une organisation criminelle. Il a dormi plus de quarante jours en prison et a été libéré sous caution (150 000 €). Une enquête est en cours. «Il a beaucoup d’ennemis en Belgique», estime un journaliste. Agent depuis 2010, Bayat a le monopole en Belgique et il ne se prive pas pour s’en vanter. «Il adore dire qu’il peut appeler n’importe qui sur la planète foot, sourit Christophe Franken, journaliste à La Dernière Heure. Son réseau tentaculaire crée des jalousies. » Certains lui reprochent de considérer ses joueurs comme du bétail. D’autres, de ne pas respecter les règles de déontologie entre agents.
«Ça reste un mec qui te fait faire de belles affaires, juge un autre journaliste belge. C’est un aligneur de planètes fabuleux dans les dossiers. Il ne peut pas être une faille pour le FCN, mais qu’une force. » « Il comble les incompétences de certains à Nantes», ose un autre. Alors que certains agents proposaient de sortir Diego Carlos cet été pour moins de 10 millions d’euros, Mogi Bayat a bouclé le dossier du Brésilien à un peu plus de 15 avec Séville.
Les acteurs interrogés sont unanimes. « C’est un très bon pro, résume Arnaud Pouille, président général du RC Lens. Il va très vite dans la conception d’un deal. » Bayat est méticuleux, rigoureux et procédurier. « Le dernier jour d’un mercato, la personne chargée du juridique dans un club était absente, se souvient un agent. Je l’ai vu rédigé de A à Z une convention, c’est Bayat, ça ! »
« Ça reste un mec qui te fait faire de belles affaires. »