20 Minutes (Nantes)

Des conviction­s et un enjeu technique

A l’occasion du Salon de l’agricultur­e, « 20 Minutes » a rencontré de jeunes agriculteu­rs qui sont passés au bio

- A Lille, Mikaël Libert

A Carvin, près de Lens (Pas-de-Calais), la ferme de Saint-Druon se transmet depuis des lustres au sein de la famille Deswarte. Dans quelques années, ce sera au tour de Cyrielle, 28 ans, de prendre les rênes de cette exploitati­on de 150 ha, essentiell­ement céréalière. Mais, entre-temps, la jeune femme aura travaillé de concert avec son papa, Bertrand, à une transition vers une agricultur­e bio. Ce défi réjouit tant le père que la fille, que 20 Minutes a rencontrée à l’occasion du Salon de l’agricultur­e, qui ouvre ses portes à Paris vendredi.

« Pas le droit à l’erreur »

Diplômée en production végétale de l’école d’agronomie de Rennes, Cyrielle Deswarte a déjà bourlingué : « J’ai fait pas mal de stages un peu partout dans le monde. Au Costa Rica, au Nicaragua, en Espagne, en Finlande… Ça m’a beaucoup inspirée et ça m’a ouvert l’esprit. » Depuis quatre ans, la jeune femme est employée près de Toulouse en tant qu’ingénieure agronome. « Je parle beaucoup avec mon père de mon travail, et je pense que ça lui a mis la puce à l’oreille sur la conversion au bio », assure-t-elle.

« Le bio, ce sont des conviction­s. Mais, ce qui m’intéresse surtout, c’est l’enjeu technique que cela représente. On n’a pas le droit à l’erreur, insiste l’ingénieure. Par exemple, si on a mal géré les mauvaises herbes, on va en avoir pendant des années sur la parcelle. » Sur ce point, père et fille sont sur la même longueur d’onde. « Lui aussi est très “technique”, et la conversion est un défi de fin de carrière qu’il aurait regretté de ne pas relever », reconnaît Cyrielle Deswarte.

Du coup, les deux se sont lancés en convertiss­ant, la première année, une quarantain­e d’hectares. L’objectif étant le passage de la totalité de l’exploitati­on au bio en 2020. Pour autant, Cyrielle Deswarte ne se définit pas comme une « intégriste » du bio. «Ma formation m’a appris que la vision du bio gentil et du convention­nel méchant est très manichéenn­e. Plusieurs systèmes doivent cohabiter afin de pouvoir rémunérer l’agriculteu­r à sa juste valeur. » L’ingénieure estime aussi qu’il faut avoir une certaine logique : « Produire du bio que l’on exporte au bout du monde n’a pas de sens. Notre blé, nous le vendons à des meuniers locaux, par exemple. » En avril, la jeune femme quittera le Sud pour se réinstalle­r dans la région et s’investir davantage dans la ferme familiale. Néanmoins, elle ne compte pas y passer tout son temps. « J’ai retrouvé un travail d’ingénieure agronome près de Lille, la reprise de la ferme, ce sera pour dans quelques années, insiste Cyrielle Deswarte. Mon objectif est de garder un pied dans une entreprise pour rester au fait des tendances et ne pas rester cloisonnée dans une routine à la ferme. »

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Cyrielle Deswarte et son père, Bertrand, dans la propriété familiale, à Carvin.

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