Johanna Rolland
«La question sociale est un sujet qui me mobilise beaucoup et qu’on va renforcer»
Elle brigue sa propre succession. Et semble bien partie pour l’emporter le 28 juin. Pour autant, Johanna Rolland, maire PS de Nantes depuis 2014, reste concentrée sur son projet et sa campagne, forcément bouleversée par la crise. Elle se confie à 20 Minutes.
Comment abordez-vous ce second tour décalé ?
Avec un mélange de responsabilité et de gravité. On a traversé une période difficile, le pays va être dans une récession comme on ne l’avait pas connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Il faut prendre la mesure du moment. Pour autant, j’ai confiance. Parce que depuis trois mois, j’ai vu les forces de Nantes : un service public qui a tenu, des initiatives citoyennes fortes, beaucoup d’humanisme et de solidarité.
La crise a-t-elle modifié votre programme ?
Il y a des choses qu’on a enclenchées pendant la crise et qu’on va accélérer. D’abord sur la question sociale. C’est un sujet qui me mobilise beaucoup et qu’on va renforcer. Il y a aussi la question de l’emploi. Elle a été quasiment absente de la campagne du premier tour. Je pense que ça va radicalement changer.
Et la santé ?
Je l’avais déjà mise au coeur de mon projet au premier tour. Ce qui vient de se passer ne fait que renforcer cette conviction. Il y a un vrai sujet autour du nouveau CHU. Je crois que ce serait invraisemblable, et même irresponsable, que Nantes refuse un investissement majeur en termes de santé publique. Toutes les villes attendent des investissements de l’Etat et, nous, on serait les seuls à dire non ? Je considère que ce que fait Laurence Garnier est une double faute : en matière de santé et envers les plus fragiles, car c’est à l’hôpital public qu’ils vont se faire soigner. En revanche, le nombre de lits est à revoir. Je l’ai dit au ministre de la Santé.
Les impôts vont-ils augmenter si vous êtes réélue ?
Ce n’est évidemment pas mon souhait. Mais, moi, je ne sais pas quelles vont être les décisions prises par l’Etat. Et l’expérience nous a montré que l’Etat demande parfois beaucoup aux collectivités locales. Donc, je ne peux pas faire de promesses. Et je préfère le dire franchement.
Votre alliance avec Julie Laernoes (EELV) est très critiquée, notamment parce que vous avez concédé la suspension de certains projets, comme l’extension de la Cité des congrès ou le déploiement de la 5G…
Sur la 5G, on propose un moratoire le temps d’un débat. Car, c’est un sujet qui pose des questions de développement économique, de santé, et même de sens. A l’issue de ce débat, on prendra une décision. Concernant la Cité des congrès, le projet de modernisation est maintenu. Quant à l’extension, les professionnels du secteur disent qu’il faudra plusieurs années pour retrouver le niveau de marché initial. Donc, ça me semble assez sage, avant d’engager des dizaines de millions d’euros, de prendre le temps de se poser. On a aussi sur notre territoire un Parc des expositions à prendre en compte.
Avec le recul, comment analysezvous le résultat du premier tour ?
Je pense que les électeurs ont fait un choix clair en plaçant la liste que je conduis largement en tête. On ne peut pas non plus occulter l’abstention, en réalité une double abstention : celle liée à la période qu’on traverse, mais aussi une abstention plus profonde qui exprime un désintérêt, une colère. Ça me préoccupe particulièrement.
Serez-vous maire le 28 juin ?
Je fais mon maximum pour. J’y mets beaucoup d’énergie. C’est une erreur de dire que le match est déjà joué. L’expérience a montré que, dans une grande ville, il pouvait toujours se passer quelque chose. Le vote, il appartient aux Nantais.
Propos recueillis par Frédéric Brenon
«On propose un moratoire sur la 5G le temps d’un débat. A son issue, on prendra une décision.»