Une «figure pissante» fait polémique, son autrice se défend
Invitée du Voyage à Nantes, cette « figure pissante » fait l’objet d’une polémique
Pas encore installée, déjà décriée. Fontaine, l’oeuvre d’Elsa Sahal représentant une vulve pissante, suscite la polémique sur les réseaux sociaux. Certains fustigent « la laideur », mais aussi et surtout l’irrévérence de cette oeuvre de 3 m, qui devrait prendre place dans la fontaine de la place Royale aux alentours du 5 août, dans le cadre du Voyage à Nantes (VAN). A l’origine, cette oeuvre, créée en 2012 et installée au Jardin des Tuileries, face au Louvre, n’était pas prévue pour le VAN 2020. « Place Royale, ça devait être une énorme coque de bateau rouillée d’Hugo Schiavi, raconte Jean Blaise, directeur artistique du Voyage à Nantes. Mais, à cause du confinement, les entreprises qui devaient produire cette curiosité ont été mises à l’arrêt. On la verra en 2021. » Parmi les têtes pensantes du VAN, Fontaine a alors fait l’unanimité pour la remplacer. « On ne s’est absolument pas dit qu’il fallait prendre une oeuvre qui fasse du buzz », s’agace Jean Blaise. C’est d’ailleurs la première fois qu’il y a une polémique autour de cette sculpture en grès émaillé rose. Elsa Sahal, formée à l’école des Beaux-Arts de Paris, assume « l’intention féministe » de « cette figure pissante, dont le titre est un pied de nez à l’urinoir de Marcel Duchamp ». L’idée est « de représenter une petite fille qui défie l’ordre établi en urinant debout comme les garçons, explique-t-elle. L’intrusion dans cette place Royale est formidable car elle sera entourée de petits garçons qui ornent la sculpture et qui sont eux aussi nus. »
« Je ne l’ai pas réalisée dans une démarche de provocation, mais plutôt d’humour, observe l’artiste. Il n’y a rien de pédopornographique. Il faut avoir beaucoup d’imagination pour y déceler ça. » Le Manneken Pis, statue d’un garçon qui urine debout avec le sexe à la main, ne fait-il pas partie de l’histoire artistique de la Belgique ? «Dans l’espace public, toutes les oeuvres sont livrées aux jugements de tous les passants, conclut Jean Blaise. Les artistes troublent l’espace public à Nantes et c’est tant mieux. »