La nouvelle donne d’une moderne Antigone
La réalisatrice canadienne Sophie Deraspe offre une version actuelle de l’héroïne de l’antiquité grecque
Dans Antigone, de Sophie Deraspe, l’héroïne de la mythologie grecque n’a rien perdu de sa force de caractère, mais la cinéaste canadienne l’a sérieusement modernisée sous les traits de la jeune Nahéma Ricci, éblouissante pour sa première apparition à l’écran.
Des pièces de Sophocle et Jean Anouilh, la réalisatrice a principalement gardé la détermination d’une jeune fille à peine sortie de l’enfance, prête à se sacrifier pour ce qu’elle estime juste.
D’après un fait divers
Dans cette version moderne, Antigone est une migrante douce et bonne élève, qui fait évader son frère de prison en prenant sa place en cellule, avant d’entamer un combat pour qu’il ne soit pas expulsé. « J’ai voulu faire vivre, à notre époque et dans le cadre social de nos villes occidentales, l’intégrité d’Antigone, son sens de la justice et sa capacité d’amour», explique Sophie Deraspe dans le dossier de presse. Elle s’est appuyée sur un fait divers québécois – une intervention policière qui a mal tourné en 2008 – pour transposer la tragédie à notre époque. Antigone se heurte à l’autorité pour préserver son frère et pour faire triompher ce qu’elle croit juste. « Sa force intérieure est de celle qui oppose ses valeurs personnelles aux lois officielles des hommes », insiste la cinéaste.
Les scènes de procès où l’héroïne refuse de se soumettre sont tout aussi touchantes que celles qui décrivent ses rapports avec sa famille, notamment une soeur qui rêve de s’intégrer à la vie canadienne.
A 16 ans, Antigone a tout d’une grande héroïne, qui touchera d’autant plus les ados actuels que ses épreuves sont ancrées dans le monde d’aujourd’hui. La réalisatrice a remplacé le choeur antique par les réseaux sociaux. En modernisant Antigone, Sophie Desrape lui permet de s’adresser à une nouvelle génération de spectateurs. Ils se retrouveront dans ce personnage, dont la pureté transcende les époques.