20 Minutes (Nantes)

«Nos auteurs jeunesse sont inconnus»

L’écrivain nantais David Pouilloux appelle à «lire local»

- Propos recueillis par Frédéric Brenon

Ulysse Moreau, collégien, découvre qu’il est un demi-dieu grec et qu’on veut du mal à ses parents. Avec son amie Kenza, il va devoir empêcher une terrible prophétie de s’accomplir, quitte à affronter des créatures et voyager dans le temps. Telle est l’intrigue de La Prophétie d’Ulysse, roman fantastiqu­e pour ados, dont le tome 2 (La Colère des dieux) vient de sortir pour la rentrée. Son auteur, le Nantais David Pouilloux, livre son regard sur l’engouement pour un genre dominé par les anglophone­s.

Comment est née l’histoire de La Prophétie d’Ulysse ?

J’ai visité la Grèce il y a deux ans et j’avais été impression­né par les grands sites qui font la légende de l’Antiquité. En revenant, les personnage­s me sont venus d’un coup, j’avais du feu au bout des doigts! L’idée d’ajouter la mythologie égyptienne est venue après. Et ça plaît. Les lecteurs me disent aujourd’hui que c’est super d’avoir mélangé Hermes et Anubis, Athena et Seth, dans le même roman.

Des succès littéraire­s pour ados, comme Percy Jackson, revisitent aussi ces mythologie­s. Pourquoi fascinent-elles autant ?

Parce que ce sont des histoires extraordin­aires, intemporel­les et universell­es de lutte entre le bien et le mal. Il y a des héros, de la magie, des super pouvoirs, des monstres, des combats, du suspense, de la peur… Tout ce que l’on recherche aujourd’hui encore. Et puis elles permettent d’aborder des sujets difficiles, comme l’identité, la disparitio­n.

Les romans fantasy sont devenus un véritable phénomène dans la littératur­e jeunesse. Comment l’expliquez-vous ?

Harry Potter a cassé tous les codes : on pouvait écrire un roman au long cours, en sept tomes, que les enfants pouvaient dévorer. Derrière J.K. Rowling, de grands auteurs comme Rick Riordan ou Philip Pullman ont à leur tour plu aux jeunes avec leurs séries. Ils ont ouvert la voie à des centaines de romanciers beaucoup plus confidenti­els. Ils ont créé des millions de nouveaux lecteurs, partout dans le monde, qui une fois qu’ils ont fini Harry Potter en veulent encore plus.

Pour autant, la fantasy est écrasée par la production anglophone…

Une maison d’édition a besoin de vendre des livres. Et traduire un auteur qui a marché à l’étranger, c’est la politique du moindre risque. C’est dommage. Pourquoi n’y-a-t-il pas de Harry Potter français? Il faut mettre davantage en avant les auteurs français, y compris sur le plan marketing. Nos auteurs jeunesse, d’une manière générale, sont inconnus. Personne n’est capable de citer un nom! On a l’exemple de Timothée de Fombelle, qui a été traduit dans 29 langues, mais le grand public ne le connaît pas.

Que conseillez-vous aux lecteurs ?

Lisons local ! Défendons nos producteur­s locaux d’histoires. Les écrivains français sont peu nombreux à vivre de leur travail. Et puis, si demain il n’y a plus que des romans anglophone­s, il n’y aura plus de rencontres dans les écoles, plus de dédicaces, plus d’échanges. Ces moments sont importants pour nos enfants.

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Il est l’auteur du roman de série fantasy La prophétie d’Ulysse.

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