Battants ouverts pour Laporte ?
Après une campagne électorale heurtée, l’ancien ministre veut rempiler pour un deuxième mandat à la tête de la FFR
Il était temps que cette campagne électorale se termine. Surtout pour Bernard Laporte. Le président sortant de la Fédération française de rugby, candidat à sa réélection samedi, envoie valser les convenances depuis sa sortie de garde à vue, le 23 septembre. Même certains de ses soutiens ont été gênés par sa violente diatribe à l’encontre de Florian Grill, son challengeur : « Je le savais lâche sur un terrain, car j’ai des potes qui ont joué avec lui. Mais là, ça confirme sa mentalité. »
Un raffut à la suite de l’interview de Grill dans Le Figaro le matin de l’audition de Laporte au siège de la Brigade de répression de la délinquance économique. « C’était une convocation critiquable sur le timing, mais la police a fait son boulot et il est ressorti libre, évalue un partisan de l’ex-sélectionneur. Ce n’était pas la peine de s’étaler. » Ni sous-entendre qu’il s’agissait d’un complot ourdi par la Ligue et l’opposition. Car Laporte connaissait depuis l’été sa date de convocation, prévue avant le Covid. Dans le camp Grill, on met cette agressivité sur le compte d’un début de panique. « Il s’en est pris à Florian parce qu’il sent que l’élection est en train de lui échapper. » Dans une interview qu’il nous avait accordée à la mi-septembre, l’intéressé jurait déjà sentir le vent tourner en sa faveur. Les dernières polémiques semblent plutôt avoir figé les positions.
«Remettre la fédé à sa place»
Vu de l’extérieur, il est assez fascinant de constater à quel point les différentes « affaires » qui ont encombré Laporte semblent glisser sur sa candidature. Dans son camp, on met en avant ce qui a été accompli par le boss : « En quatre ans, on a redistribué [au monde amateur] 90 millions d’euros de plus que l’ancienne mandature. On a aussi créé 162 postes de conseillers techniques qui vont faire des audits dans les clubs pour les aider à mieux fonctionner. Ça coûte de l’argent [14 millions par an], mais ça leur change la vie. » Pendant le dernier mois de campagne, Laporte s’est attaché à dépeindre Grill en allié de la Ligue et du rugby pro, contre les intérêts du rugby amateur. Le président de la Fédération, lui, a choisi son camp depuis longtemps. Il s’est fait un devoir « de remettre la fédé à sa place », grâce notamment à l’obtention du Mondial 2023 à domicile. France 2023, c’est l’atout maître de Laporte. Alors, la FFR capitalise au mieux, avec le lancement du train de la Coupe du monde ou le redressement des Bleus, au moins sur l’image.
« Il est temps qu’on aille aux urnes, que les choses soient claires pour tout le monde, clame-t-on dans le clan Laporte. On ne peut pas dire qu’on a déjà gagné, mais on est confiants. » Et malins, en témoigne ce petit mail envoyé aux médias à quelques heures du début des votes pour se féliciter d’une hausse des licenciés en 2020 après des années de vaches maigres. Il n’y a jamais de petit profit si près d’une élection.