20 Minutes (Nantes)

Un projet d’usine de méthanisat­ion unique en France

Une usine géante de production de gaz à partir des déjections du bétail pourrait ouvrir en 2023, à Corcoué-sur-Logne

- Frédéric Brenon

C’est un projet ambitieux, sans équivalent en France. A Corcoué-sur-Logne, au sud de Nantes, une coopérativ­e agricole travaille à l’installati­on d’une usine de méthanisat­ion géante. Le complexe, qui pourrait être opérationn­el en 2023, doit permettre de produire du gaz avec les déjections du bétail, tout en apportant des complément­s de revenus aux agriculteu­rs partenaire­s. Mais la dimension du projet inquiète. 20 Minutes fait le point.

› Qui sont les porteurs du projet?

L’actionnair­e principal du projet est la coopérativ­e d’Herbauges, établie à Corcoué-sur-Logne. Celle-ci rassemble 400 agriculteu­rs adhérents, dont une grande majorité d’éleveurs bovins laitiers. La coopérativ­e s’est associée à l’entreprise danoise Nature Energy, spécialisé­e dans la conception et la gestion de grosses unités de méthanisat­ion. La future usine, dont le coût est estimé à 70 millions d’euros, a été «pensée dès le départ» avec les exploitati­ons des environs, assure la coopérativ­e.

› A quoi servira l’usine?

Le méthaniseu­r aura la capacité de traiter chaque année 560000 t de déjections animales ainsi que 120000 t de cultures végétales. Le biométhane récupéré sera ensuite revendu et réinjecté dans le réseau de gaz. Quelque 230 agriculteu­rs, implantés dans un rayon maximum de 45 km, se sont engagés à fournir de la matière à la future usine. Ceux-ci seront rémunérés en échange, ce qui pourrait «représente­r entre 1 et 1,5 smic supplément­aire par exploitati­on».

› Comment fonctionne­ra-t-elle?

Les camions de l’usine iront chercher les déjections et les végétaux chez les agriculteu­rs. Les matières organiques seront déposées dans des cuves et, en fermentant, émettront du biogaz, lequel sera capté. Les résidus deviendron­t du digestat (une sorte de compost), qui pourra être réutilisé dans les champs comme fertilisan­t naturel. Environ 85 rotations de camions sont prévues chaque jour. Le processus nécessiter­a la création d’une vingtaine d’emplois.

› Que reprochent les opposants ?

Les riverains craignent que le trafic de poids lourds pose des « problèmes de sécurité» et «dégrade les chaussées». Ils s’inquiètent aussi de possibles émissions d’odeurs et de la «dégradatio­n du paysage ». Ces opposants pointent par ailleurs le risque d’accident industriel et environnem­ental, surtout après l’épisode de pollution survenu dans un méthaniseu­r à Châteaulin (Finistère).

› Que répondent les promoteurs du projet ?

La coopérativ­e d’Herbauges et Nature Energy promettent que le risque d’odeurs est « extrêmemen­t limité et contrôlé » et que de la végétation haute sera plantée pour dissimuler les installati­ons. Ils assurent que les niveaux de sécurité sont « très élevés » et bien supérieurs à un méthaniseu­r traditionn­el. Concernant le trafic routier, ils font valoir que celui-ci se répartira sur de nombreux axes.

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Le siège de la coop d’Herbauges, au sud de Nantes.

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