Un projet d’usine de méthanisation unique en France
Une usine géante de production de gaz à partir des déjections du bétail pourrait ouvrir en 2023, à Corcoué-sur-Logne
C’est un projet ambitieux, sans équivalent en France. A Corcoué-sur-Logne, au sud de Nantes, une coopérative agricole travaille à l’installation d’une usine de méthanisation géante. Le complexe, qui pourrait être opérationnel en 2023, doit permettre de produire du gaz avec les déjections du bétail, tout en apportant des compléments de revenus aux agriculteurs partenaires. Mais la dimension du projet inquiète. 20 Minutes fait le point.
› Qui sont les porteurs du projet?
L’actionnaire principal du projet est la coopérative d’Herbauges, établie à Corcoué-sur-Logne. Celle-ci rassemble 400 agriculteurs adhérents, dont une grande majorité d’éleveurs bovins laitiers. La coopérative s’est associée à l’entreprise danoise Nature Energy, spécialisée dans la conception et la gestion de grosses unités de méthanisation. La future usine, dont le coût est estimé à 70 millions d’euros, a été «pensée dès le départ» avec les exploitations des environs, assure la coopérative.
› A quoi servira l’usine?
Le méthaniseur aura la capacité de traiter chaque année 560000 t de déjections animales ainsi que 120000 t de cultures végétales. Le biométhane récupéré sera ensuite revendu et réinjecté dans le réseau de gaz. Quelque 230 agriculteurs, implantés dans un rayon maximum de 45 km, se sont engagés à fournir de la matière à la future usine. Ceux-ci seront rémunérés en échange, ce qui pourrait «représenter entre 1 et 1,5 smic supplémentaire par exploitation».
› Comment fonctionnera-t-elle?
Les camions de l’usine iront chercher les déjections et les végétaux chez les agriculteurs. Les matières organiques seront déposées dans des cuves et, en fermentant, émettront du biogaz, lequel sera capté. Les résidus deviendront du digestat (une sorte de compost), qui pourra être réutilisé dans les champs comme fertilisant naturel. Environ 85 rotations de camions sont prévues chaque jour. Le processus nécessitera la création d’une vingtaine d’emplois.
› Que reprochent les opposants ?
Les riverains craignent que le trafic de poids lourds pose des « problèmes de sécurité» et «dégrade les chaussées». Ils s’inquiètent aussi de possibles émissions d’odeurs et de la «dégradation du paysage ». Ces opposants pointent par ailleurs le risque d’accident industriel et environnemental, surtout après l’épisode de pollution survenu dans un méthaniseur à Châteaulin (Finistère).
› Que répondent les promoteurs du projet ?
La coopérative d’Herbauges et Nature Energy promettent que le risque d’odeurs est « extrêmement limité et contrôlé » et que de la végétation haute sera plantée pour dissimuler les installations. Ils assurent que les niveaux de sécurité sont « très élevés » et bien supérieurs à un méthaniseur traditionnel. Concernant le trafic routier, ils font valoir que celui-ci se répartira sur de nombreux axes.