20 Minutes (Nantes)

A Guermantes, la venue de Fourniret ravive les démons

Michel Fourniret va être transporté à Guermantes, ce jeudi, pour une reconstitu­tion

- Vincent Vantighem

« Nous serons exceptionn­ellement fermés… » Sur la devanture des rares commerces du centre de Guermantes (Seine-et-Marne), les affichette­s ont été mises en évidence. Et la police est passée pour s’assurer que la directive avait été comprise. Ce jeudi, Michel Fourniret doit être extrait de cellule et transporté sur les lieux de la disparitio­n de la petite Estelle Mouzin pour tenter d’expliquer ce qu’il s’est passé en 2003.

Le 9 janvier, exactement. Il gelait à pierre fendre quand la fillette de 9 ans est sortie de l’école. Il était 18h30 quand elle a été aperçue pour la dernière fois devant la boulangeri­e, à dix minutes environ de chez elle. Nicolas ne peut pas s’en souvenir. Il n’a repris ce commerce qu’il y a quatre ans. «Mais je sais que cette affaire est un traumatism­e pour les gens d’ici, confie-t-il. C’est toujours aussi vif.»

Ça l’est assurément pour Patricia. Voisine des Mouzin au moment des faits, cette retraitée de 66 ans ne peut retenir ses larmes : « Mes enfants jouaient de temps en temps avec Estelle. Le soir des faits, ma fille était justement dehors, seule avec le chien. » A l’écouter, pas un jour ne passe sans qu’elle ressasse cette affaire. Qu’elle se demande si la fillette est passée par la rue AndréThier­ry ou par la promenade de la Belle-Inutile pour rejoindre sa maison. Et, surtout, pourquoi personne n’a rien vu, rien entendu.

Guy Jelensperg­er, lui, n’est pas surpris. L’ancien maire UMP décrit, sans détour, ce village qu’il a géré pendant plus de vingt ans. « C’est une cité de “bobos bourgeois”, caricature-t-il. Ces gens rentrent chez eux et ne se soucient pas de leurs voisins. Alors imaginez un soir de janvier où il faisait nuit noire et où il neigeait ! »

Monique Olivier devrait être là

Aujourd’hui encore, le mystère reste entier. Mais les indices s’accumulent à l’encontre de Michel Fourniret. Il y a d’abord eu cet ancien collègue qui affirme l’avoir croisé dans le secteur à l’époque des faits. Ensuite, son exfemme Monique Olivier a fini par anéantir l’alibi dont il disposait dans cette affaire. Et puis, surtout, il y a un ADN incomplet d’Estelle Mouzin qui a été découvert sur un matelas ayant appartenu au tueur en série. « Ça me fait mal au coeur de voir qu’il a fallu près de vingt ans pour trouver ces indices, s’énerve Patricia. Ça aurait peut-être changé le cours des choses. » Même si elle n’a, a priori, jamais mis les pieds à Guermantes, il est aussi prévu que Monique Olivier participe à cette reconstitu­tion ce jeudi. «On va rester cloîtrés, a déjà prévu Patricia. Si je les croisais, je serais capable de leur cracher au visage.»

« Le soir des faits, ma fille était justement dehors, seule avec le chien. » Patricia, ex-voisine des Mouzin

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La rue où vivait Estelle Mouzin avant sa disparitio­n en 2003, en Seine-et-Marne.
##JEV#117-70-https://tinyurl.com/y5ttd9jx##JEV# La rue où vivait Estelle Mouzin avant sa disparitio­n en 2003, en Seine-et-Marne.

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