Sortis de crise
Le coronavirus et les mesures prises pour enrayer l’épidémie affectent l’économie. Mais des entreprises trouvent de nouveaux débouchés.
Avant, on se contentait d’une main sur le front quand on avait un doute… Aujourd’hui, l’épidémie de coronavirus nous pousse à être plus vigilants au sujet de la fièvre, l’un des principaux symptômes de la maladie. De quoi faire les affaires de France Infra Rouge : depuis la crise sanitaire, cette entreprise située à Pontchâteau, près de SaintNazaire (Loire-Atlantique), a installé des dizaines de petites caméras qui permettent de mesurer la température corporelle des gens qui se présentent devant. Après trois ans d’activité morose, les comptes de cette société de 14 salariés sont repassés dans le vert. Car dès le début du confinement, la demande a été forte de la part de professionnels. «On a reçu beaucoup d’appels de grosses entreprises, dans l’industrie chimique ou l’aéronautique, par exemple, qui souhaitaient sécuriser leur lieu de travail, se rappelle Eric Le Corre, directeur général. Nos caméras sont appropriées car elles évaluent la température rapidement et avec une grande précision : grâce à la matrice infrarouge, elles repèrent le point le plus chaud d’un visage, même à une certaine distance. » Quid de la protection des données ? « Il n’y a aucune reconnaissance faciale et aucun enregistrement », veut rassurer le directeur.
Bornes d’autocontrôle
Très vite, l’entreprise, qui revend mais, surtout, installe et paramètre le matériel (américain et chinois), imagine deux autres solutions. L’une, adaptée aux aéroports, permet à un opérateur de repérer sur un écran toutes les personnes qui ont une température élevée, grâce à un carré rouge qui s’affiche. « Nous avons aussi déployé des bornes d’autocontrôle, poursuit Eric Le Corre. Elles évaluent la température et détectent si la personne a mis son masque ou non. C’est une bonne option pour les bureaux : le salarié est prévenu et rentre chez lui ou prend rendez-vous chez le médecin.» Même si la demande s’est calmée aujourd’hui, France Infra Rouge propose ces dispositifs plutôt onéreux (de 5000 à 15000 €) à la location, par exemple à l’occasion de rencontres sportives ou culturelles. Des univers très différents de ceux dans lesquels la société avait l’habitude d’intervenir avant la crise. « Mis à part pendant le H1N1 ou Ebola, on utilisait les caméras thermiques infrarouges principalement dans le cadre de la sécurité industrielle, explique Lorianne Le Corre, directrice marketing. Le dispositif permet d’identifier les fuites énergétiques ou peut faire office de système anti-intrusion. » Avec une activité liée au Covid qui représente aujourd’hui un tiers du chiffre d’affaires, en hausse de 13 %, France Infra Rouge vient de lancer le recrutement d’un nouveau salarié. Elle souhaite aujourd’hui poursuivre le développement de ce pan « santé », pourquoi pas en proposant d’équiper tous les lieux à risque, comme les maisons de retraite.