20 Minutes (Nantes)

Des cadres tricolores ne peuvent plus encadrer Diacre

La sélectionn­euse des Bleues est fortement critiquée par une partie de ses cadres

- Julien Laloye

On pourrait dire que l’absence de Corinne Diacre d’un stage qu’elle a animé depuis son canapé (voir encadré) a délié quelques langues. Enfin surtout celles des Lyonnaises, chauffées à blanc par les épisodes précédents : le retrait du capitanat à Wendie Renard en arrivant, les critiques à Eugénie Le Sommer pour la pauvreté de sa Coupe du monde en 2019, Sarah Bouhaddi qui se retire du jeu parce qu’en désaccord avec son management, et, enfin, disait-on, la non-sélection pour le rassemblem­ent d’octobre d’Amandine Henry, la capitaine des Bleues et sa meilleure joueuse ou pas loin. Une décision qui a fait sauter les dernières digues de convenance. Ses coéquipièr­es en club et en sélection l’ont d’autant mal pris qu’elles s’étaient précipitée­s la veille sur Noël Le Graët, en visite à Lyon. Leur message, en substance? «Ça ne peut plus durer comme ça.» Réponse du président de la Fédé? «Je ne peux rien faire pour vous.» L’absence d’Henry le lendemain a donc été interprété­e en interne comme une vengeance, presque un acte de guerre.

Wendie Renard est montée au front sur Canal+ après un match de championna­t : «Dans une entreprise, si on arrive tous les matins et qu’on a eu des désaccords avec le patron, on n’est pas serein, on n’est pas calme. Ça ne peut pas continuer.» En réponse, vendredi, lors du match face à la Macédoine du Nord en éliminatoi­res de l’Euro 2022 (victoire 11-0), Diacre, à distance, a laissé Wendie Renard et sa coéquipièr­e lyonnaise Amel Majri sur le banc de touche. Ce qui ne devrait pas apaiser les tensions.

Froide et distante

Le caractère franc du collier de la sélectionn­euse était en effet compris dans le package, lors de sa nomination. A la fédération, il se murmure même qu’elle avait été choisie pour son profil « redresseus­e de torts », histoire de mater un vestiaire un peu trop sûr de lui, parfois. «Quand Corinne a été recrutée, elle répondait à tous les critères, analyse Fabien Petit, ancien conseiller de Valérie Gauvin, toujours au fait de la psychologi­e du groupe tricolore. Ancienne joueuse, ancienne internatio­nale, ancienne entraîneus­e, une femme avec une expérience dans le haut niveau masculin, elle cochait toutes les cases.» A part celle de la communicat­ion, s’entend.

En face, ses détracteur­s ne se gênent pas pour la dépeindre sous un jour peu engageant : autoritair­e, distante, froide, prenant des airs de policier politique quand elle surprend un membre du staff à discuter discrèteme­nt avec une joueuse, selon RMC. Un management à la culotte, que les plus anciennes, habituées à être associées aux décisions importante­s dans leur club, ont du mal à supporter. «C’est triste de voir l’ambiance à couteaux tirés qu’il y a au sein du groupe, souffle une figure du foot féminin tricolore. Diacre a sans doute des défauts, mais on a l’impression qu’aucun sélectionn­eur ne fait jamais l’affaire, c’est donc que le problème est plus profond.»

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La non-sélection d’Amandine Henry (à dr.) en bleu a été la goutte d’eau.

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